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Emmanuel Macron veut que les Français travaillent plus, voilà comment

S'il ne veut pas toucher aux 35 heures, aux jours fériés, ni à l'âge de départ à la retraite, Emmanuel Macron souhaite motiver les Français à rester plus longtemps au travail.

Les Français doivent travailler plus car selon Emmanuel Macron ils le font moins que leurs voisins. Même si cette affirmation est largement à nuancer (comme nous l'expliquions ici), voilà le message qu'a voulu faire passer le président de la République au cours de son allocution post grand débat ce jeudi. 

Travailler plus oui mais comment ? Le chef de l'Etat a d'emblée fermé plusieurs portes. D'abord celui de la durée légale hebdomadaire de travail qui est toujours de 35 heures en France depuis les lois Aubry de 1998-2000. Avec la réformes des heures supplémentaires défiscalisées, les Français sont de fait depuis quelques semaines incités à travailler davantage que la durée hebdomadaire légale. Par ailleurs, comme l'a rappelé le président, les négociations sur le temps de travail sont désormais du ressort des branches depuis la dernière loi travail. Autrement dit, les partenaires sociaux peuvent par exemple dans la bâtiment ou la sidérurgie décider d'allonger la durée hebdomadaire du travail.

Quid des jours fériés? La France avec 11 jours fériés fait partie des pays qui en possèdent le plus. Mais là encore, Emmanuel Macron a fermé cette porte d'une suppression de jour férié. Une mesure complexe qui n'aurait pas bien marché par le passé.

On ne touche pas à l'âge légal de départ à la retraite

Reste alors la durée de travail tout au long de la vie. Avec un âge légal de départ à la retraite de 62 ans, la France fait partie des pays développés où l'on peut partir le plus tôt à la retraite. Mais encore une fois, Emmanuel Macron ne compte pas changer cet âge légal. D'abord parce qu'il l'avait promis durant la campagne présidentielle, ensuite parce qu'il trouve que cette mesure est injuste dans un pays touché par une chômage encore élevé. Difficile en effet pour une personne qui se retrouve au chômage à 60 ans de devoir attendre quatre ans pour partir à la retraite si elle ne peut pas retrouver un emploi.

Comment alors faire en sorte que les Français travaillent plus longtemps dans un contexte de vieillissement de la population avec de plus en plus de retraités? Il va falloir inciter financièrement les Français, assure le chef de l'Etat, à travailler plus longtemps. Et cette incitation se fera avec un système de décote et de surcote comme il existe aujourd’hui. Les salariés auront donc le choix. Une retraite plus faible s’ils veulent partir à 62 ans et une retraite améliorée s’ils travaillent plus longtemps.

La dernière réforme des retraites a permis de retarder l'âge effectif de départ au delà de 62 ans en jouant sur le nombre de trimestres à valider pour bénéficier d'une pension à taux plein.

Un salarié né après 1973 devra travailler plus longtemps

Aujourd'hui, un salarié doit avoir cotisé selon son année de naissance entre 161 et 172 trimestres pour pouvoir partir à 62 ans avec une pension complète. Ainsi, un travailleur né après 1973 devra travailler 43 ans pour toucher sa retraite à taux plein. Il devra donc avoir commencé à travailler à 19 ans pour partir à 62 ans. Ce qui est rarement le cas avec un âge moyen d'entrée dans la vie active qui ne cesse de progresser. Si ce travailleur a fait des études et a commencé à travailler à 23 ans par exemple, c'est à 66 ans qu'il pourra dans les faits toucher sa retraite à taux plein.

La future réforme des retraites annoncée pour l'été va transformer le système des trimestres cotisés en points accumulés. Mais la philosophie d'incitation financière devrait rester la même. Dans un document de travail du haut-commissaire des retraites Jean-Paul Delevoye, la réforme prévoirait un "coefficient majorant" leur pension de 3% à 5% par année de travail supplémentaire. Une sorte de bonus pour travailler plus longtemps. Mais le gouvernement pourrait mettre en place un système de malus pour dissuader les salariés de partir trop tôt. C'est déjà le cas pour les retraites complémentaires depuis le 1er janvier. L'Argic-Arrco verse 10% de moins durant trois ans aux personnes qui ont choisi de partir à l'âge légal, soit 62 ans.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco