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Effervescence autour de la vente des services d’Engie

Plusieurs fonds d’investissement s’intéressent à "Bright", dont la vente sera la plus grande opération de l’année en France. Engie promet de garder un pied dans sa filiale pour éviter une fronde syndicale.

Engie provoque l’agitation de ce début d’année dans le monde financier. Le groupe a enclenché la vente de ses activités de services à l’énergie qu’elle a filialisé l’an passé dans une société baptisée "Bright". Le processus officiel sera lancé cet été, après la consultation des représentants de salariés. Mais déjà, les candidats au rachat de cette division se multiplient. Selon plusieurs sources proches du dossier, de nombreux fonds d’investissement s’intéressent à la vente de Bright comme Advent, Clayton Dubilier, Carlyle, Bain Capital ou encore CVC. Le nom de ce dernier fait déjà jazzer alors que l’ancien PDG d’Engie, Gérard Mestrallet, en est conseiller. Apollo et Blackstone seraient également sur les rangs, selon Les Echos.

Ils ont commencé à étudier le marché de ces nombreuses sociétés qui vont de l’installation de matériel énergétique à la maintenance en passant par l’efficacité énergétique. "Tous les plus grands fonds d’investissement du monde vont regarder cette transaction qui sera la plus importante de l’année en France" décrypte une source. Pour le moment, sa valorisation reste floue car la société n’a pas encore fourni de données sur son activité, même de manière confidentielle. Chez Engie, on estime qu’elle vaudra environ 4 milliards d’euros.

Engie conservera 20% ou 25%

Une occasion rare pour les fonds d’investir une somme importante d’un coup alors que la plupart a levé des montants astronomiques ces deux dernières années. Le dernier fonds de CVC s’élève à 21 milliards d’euros quand celui de son rival Advent atteint à 15 milliards. Surtout, Bright est une accumulation d’une centaine de sociétés de services à l’énergie, parfois sans grande cohérence. Ce qui permet au fonds d’en céder certaines pour améliorer la rentabilité de la division.

"Il y a beaucoup de marges à extraire car ces sociétés n’étaient pas très bien gérées au sein d’un grand groupe comme Engie", explique froidement le responsable d’un de ces grands fonds.

Une source d’inquiétude pour les 74.000 salariés qui craignent de lourdes restructurations. Pour tenter d’apaiser le climat social, Engie prévoit de rester au capital de Bright, à hauteur de 20% à 25%, pendant deux ou trois ans. Malgré cela, le groupe d’énergie espère récupérer un nouveau chèque de 3 milliards d’euros après celui de 3,4 milliards d’euros déjà engrangé par la vente de sa part de 29,9% dans Suez à Veolia.

Les industriels en embuscade

Selon nos informations, plusieurs industriels ont aussi envoyé des marques d’intérêts pour quelques-unes des sociétés. Ineo, spécialisée dans le génie électrique pour les villes, intéresse notamment les groupes de construction Bouygues et Eiffage. Spie, le concurrent direct de "Bright" lorgne plutôt Fabricom, une société belge de performance énergétique. Selon plusieurs sources, Veolia et Ortec se seraient aussi manifestés.

Mais Engie est clair: "nous vendrons Bright d’un bloc et pas à la découpe" assure une source proche du groupe. Ces industriels se positionnent pour la suite et restent en embuscade. Ils seront inévitablement des candidats futurs pour racheter quelques-unes de ces entreprises quand les fonds d'investissement auront racheté "Bright".

Matthieu Pechberty Journaliste BFM Business