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Union européenne

Transports, commerce… Pourquoi le Brexit ne changera (quasiment) rien dans l’immédiat

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Le Royaume-Uni ne sera plus membre de l'Union européenne ce vendredi à minuit heure française. Ce départ historique n'aura pourtant aucun impact sur la vie quotidienne des citoyens européens et britanniques. Du moins à court terme. Explications.

Le mariage aura duré 47 ans. Ce vendredi à minuit (23 heures à Londres), le Royaume-Uni quittera l’Union européenne, plus de trois ans et demi après le référendum sur le Brexit. Un divorce historique qui met fin à une relation souvent tumultueuse, désormais à reconstruire.

Car en quittant le paquebot européen, les Britanniques vont devoir renégocier avec Bruxelles pas moins de 600 traités sur des thèmes extrêmement variés. Ce qui pourrait entraîner des bouleversements d’ampleur, tant pour les échanges commerciaux, le tourisme, le programme Erasmus, etc.

Période de transition

Mais l’heure n’est pas encore aux grands changements. Londres et Bruxelles ont en effet convenu d’une période de transition qui courra jusqu’au 31 décembre 2020 pour se laisser le temps de fixer les termes de leur relation future à travers un nouvel accord. Durant celle-ci, le Brexit n’aura aucun impact sur la vie quotidienne dans les 27 États membres, ni même au Royaume-Uni.

La Commission européenne est d’ailleurs claire sur ce point: "Jusqu’à cette date (le 31 décembre), rien ne changera pour les citoyens, les consommateurs, les entreprises, les investisseurs, les étudiants, les chercheurs, tant dans l’UE qu’au Royaume-Uni", explique-t-elle. Elle rappelle en outre que "la totalité du droit de l’Union, dans l’ensemble des domaines d’action, continuera d’être applicable au Royaume-Uni et sur son territoire […]".

Union douanière et marché unique

Les Britanniques seront donc toujours soumis aux règles européennes durant la période de transition. "Le Royaume-Uni restera dans l’union douanière et le marché unique, continuera d’appliquer la politique de l’UE en matière de justice et d’affaires intérieures et devra respecter les accords internationaux que l’UE a signés" avec des pays tiers, ajoute la Commission européenne.

Le retour des frais d’itinérance, des contrôles aux frontières ou des taxes douanières n’est donc pas pour tout de suite. Pas plus que celui du visa.

Les entreprises s’offrent quant à elles un an de répit, puisqu’aucune démarche administrative supplémentaire ne sera nécessaire dans le cadre de leur activité avec le Royaume-Uni ou l’UE. Même sursis pour le sensible secteur de la pêche, les Britanniques restant liés à la politique commune de la pêche de l’Union européenne.

Les ressortissants déjà installés n’ont pas n’ont plus de crainte à avoir à court terme. Mieux encore, leur cas serait déjà quasiment réglé pour l’après 31 décembre, les deux parties s’étant engagées à continuer de reconnaître leur statut s’ils se sont installées avant la fin de la période de transition. Ils devront seulement demander en ligne le nouveau titre prévu par l’accord de retrait.

Changements institutionnels

Le seul changement notable à souligner le 1er février est finalement très éloigné de la vie quotidienne des citoyens européens. Il concerne les instances européennes où le Royaume-Uni ne siégera plus. "Le Royaume-Uni ne sera plus un État membre de l’Union européenne […] à partir du 1er février 2020. En tant que pays tiers, il ne participera plus aux processus décisionnels de l’UE", précise la Commission européenne.

En clair, les Britanniques n’auront plus leur mot à dire sur les futurs projets de l’Union. Les 73 eurodéputés britanniques ont ainsi participé mercredi à leur dernière séance en compagnie de leurs collègues représentant les États membres. Leur départ entraînera une recomposition du Parlement européen qui ne comptera plus que 705 députés (au lieu de 751) puisque seuls 27 sièges laissés vides seront réattribués. 

Reste onze mois pour parvenir à un nouvel accord de libre-échange. Un délai particulièrement court. À moins que les deux camps ne décident de prolonger la période de transition d’un ou deux ans avant le 1er juillet. Auquel cas, les effets concrets du Brexit seront encore retardés. Mais le Premier ministre britannique Boris Johnson ne semble pas favorable à une nouvelle prolongation:

"Notre programme indiquait clairement que nous n’étendrions pas la période de transition et la nouvelle loi d’application de l’accord de retrait interdira légalement au gouvernement d’accepter toute extension" au-delà de 2020, indiquait une source du 10 Downing Street mi-décembre.
Paul Louis