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Union européenne

Prix des carburants: la grève des transporteurs en Espagne fait craindre des ruptures d'approvisionnement

Faute d'approvisionnement, plusieurs usines sont déjà à l'arrêt dans le pays. Danone a également averti qu'il pourrait stopper la production d'eau minérale et de produits laitiers "si aucune solution n'est trouvée de façon immédiate" pour mettre fin au mouvement social.

L’Espagne au bord de la paralysie? Depuis plus d’une semaine, le pays est agité par un mouvement de grève des transporteurs qui perturbe l’approvisionnement et met en difficulté de nombreux secteurs d’activité, sur fond de grogne sociale liée à la flambée des prix des carburants et de l’énergie.

Les grévistes, mobilisés à l'appel d'une seule organisation minoritaire de transporteurs routiers, réclament des mesures face au bond du prix du gazole qui les place dans une situation "catastrophique". Pour se faire entendre, ils multiplient depuis plusieurs jours les blocages et actions coup de poing, notamment dans les zones industrielles ou commerciales et dans les ports.

Ces actes "violents et antidémocratiques (...) entraînent de graves perturbations sur la chaîne d'approvisionnement", déjà sous tension en raison de la remise en route de l'économie mondiale après deux ans de crise sanitaire, a dénoncé la semaine dernière la CEOE, principale organisation patronale espagnole. "Cette situation ne fait qu'aggraver les difficultés rencontrées par les entreprises espagnoles" notamment dans "l'industrie" et "le secteur agroalimentaire", "face à la flambée des coûts de l'énergie, aggravée par la guerre en Ukraine", a-t-elle ajouté, en appelant le gouvernement à prendre des mesures "d'urgence" pour les entreprises.

Danone menace de fermer ses usines

Lundi soir, le gouvernement espagnol a annoncé une aide directe de 500 millions d’euros pour tenter de calmer la fronde et soutenir le transport routier face à l’envolée des prix des carburants. Mais ce geste n’a pas été jugé suffisant par nombre de petits indépendants, exclus des négociations, qui n’ont pas affiché la volonté de stopper le mouvement.

La situation est telle que la Fédération nationale des industries laitières espagnole a annoncé la semaine dernière que nombre de ses adhérents avaient dû mettre leurs usines à l’arrêt. Le lait "est un aliment périssable" qu’il "faut collecter tous les jours", ce qui n’est pas possible sans "libre circulation des camions", a déploré son directeur général, Luis Calabozo.

Depuis, plusieurs grandes entreprises de secteurs divers ont à leur tour fait part de leur crainte de voir les retards de livraison perturber leur activité de l’autre côté des Pyrénées. C’est par exemple le cas d’Heineken, Zara, de la brasserie Mahou San Miguel, Volkswagen mais surtout de Danone qui est allé jusqu’à publier un communiqué dans lequel le géant français avertit que "si aucune solution n’est trouvée de façon immédiate", il "se verra obligé de prendre la décision drastique d’interrompre le processus de collecte du lait, et en conséquence, le processus de production dans ses usines et l’acheminement du produit fini vers les chaînes de distribution alimentaire". Ce qui entraînerait "l’interruption des livraisons d’eau minérale comme des produits laitiers au niveau national".

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco