BFM Business
Union européenne
Alerte info

Pêche: Emmanuel Macron et Boris Johnson promettent "une désescalade" dans les prochains jours

En marge du G20, les deux dirigeants se sont rencontrés pour la première fois depuis la crise des sous-marins australiens et dans un contexte de tension entre Paris et Londres, notamment sur la pêche.

Le président français Emmanuel Macron s'est entretenu dimanche matin avec le Premier ministre britannique Boris Johnson en marge du G20 à Rome.

Les deux dirigeants se sont vus en tête-à-tête pendant près d'une demi-heure dans la Nuvola, le centre où se déroule le G20, au second jour du sommet. Contrairement aux autres bilatérales, aucun média n'a pu assister au début de la rencontre.

Ils ont évoqué les sujets de friction liés au Brexit, en premier lieu le dossier épineux de la pêche.

Selon l'Elysée, les deux dirigeants se sont prononcés pour "une désescalade" dans les "prochains jours".

Il s'agit de faire en sorte que "des mesures pratiques et opérationnelles soient prises le plus vite possible pour éviter une montée de la tension", a expliqué la présidence française.

Message d'exigence

Le différend porte sur "quelques dizaines de bateaux", donc "c'est parfaitement possible" de parvenir à une solution, a-t-elle précisé.

Un point sera fait mardi sur la mise en oeuvre ou non de mesures de rétorsion par Paris, a précisé la même source.

Au cours de la réunion de travail, qui a duré près d'une demi-heure, Emmanuel Macron "a souhaité passer" à Boris Johnson "un message d'exigence, de sérieux et de respect à l'égard d'un grand partenaire de la France", selon l'Elysée.

"Nous attendons qu'il (le Royaume-Uni) respecte les règles du jeu et sa signature" de l'accord du Brexit, a ajouté la présidence. "Même si Boris Johnson cherche toujours à faire de cela un sujet franco-britannique, ce sont des affaires post-Brexit qui se traitent entre l'UE et le Royaume-Uni", selon elle.

En début d'après-midi, le porte-parole de Boris Johnson indiquait néanmoins que "c'est au gouvernement français de favoriser une désescalade en retirant ses menaces".

Le dirigeant britannique a "réitéré sa profonde préoccupation au sujet de la rhétorique du gouvernement français ces derniers jours", citant notamment les propos du Premier ministre français Jean Castex selon lesquels "le Royaume-Uni devrait être puni pour avoir quitté l'UE", selon un porte-parole de Downing Street.

D'autres sujets de frictions

Rappelons que la France reproche au Royaume-Uni d'accorder trop peu de licences post-Brexit à ses pêcheurs. Elle a promis, faute d'amélioration, d'interdire dès mardi aux navires de pêche britanniques de débarquer leur cargaison dans les ports français et de renforcer les contrôles douaniers de camions.

Loin de s'apaiser avant le G20, la tension est encore montée vendredi avec la menace de Londres de mettre en oeuvre des "contrôles rigoureux" sur les bateaux européens frayant dans ses eaux, si Paris met effectivement ses menaces à exécution.

Boris Johnson s'est plaint samedi auprès de la cheffe de l'exécutif européen Ursula von der Leyen des menaces "complètement injustifiées" de Paris, et a indiqué que Londres envisageait "activement" pour la première fois un outil de règlement des conflits prévu dans les accords post-Brexit avec l'UE.

Le président français a estimé dans une interview au Financial Times que la "crédibilité" du Royaume-Uni est en jeu.

Les relations franco-britanniques sont aussi affectées par l'annonce, mi-septembre, du pacte de sécurité AUKUS entre l'Australie, les Etats-Unis et le Royaume-Uni en Indopacifique, qui a entraîné l'annulation par Canberra d'un très important contrat avec la France d'acquisition d'une douzaine de sous-marins, et, de ce fait, une vive colère de Paris.

OC avec AFP