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Union européenne

Liaison Lyon-Turin: l'exécutif italien veut différer les appels d'offres du chantier

La ministre française, Elisabeth Borne a encore rappelé l’importance de lancer les appels d’offres, afin de "respecter le temps de réflexion souhaité par l’Italie tout en préservant les financements européens".

La ministre française, Elisabeth Borne a encore rappelé l’importance de lancer les appels d’offres, afin de "respecter le temps de réflexion souhaité par l’Italie tout en préservant les financements européens". - TELT

Les appels d'offres pour les travaux de la ligne ferroviaire à grande vitesse Lyon-Turin, qui doivent être lancée lundi 11 mars pourraient être "reportés", selon des sources proches du gouvernement italien. Mais des financements européens sont conditionnés par le respect du calendrier.

La poursuite des travaux en cours du chantier de l'axe ferroviaire à grande vitesse Lyon-Turin (Italie) reste suspendue à une décision des autorités italiennes. "Nous allons vers un report des appels d'offres", dont la date butoir était le lundi 11 mars, ont indiqué des sources proches du gouvernement italien. Contacté par l'AFP, un porte-parole de la TELT, la société franco-italienne chargée de la construction de la nouvelle ligne ferroviaire transalpine, a indiqué qu'elle avait reçu ce samedi un courrier de la part de la présidence du Conseil italien sans en préciser la teneur.

Selon l'agence italienne AGI, la lettre envoyée par le gouvernement italien à la TELT, société détenue à parts égales par la France et l'Italie, sera examinée lundi par le conseil d'administration où il prendra acte de ce document.

Mais le report des appels d'offres pourrait remettre en cause les financements européens conditionnés par le respect du calendrier d'avancement des travaux et du lancement des appels d'offres correspondant.

La France presse l'Italie de lancer les appels d'offres

Pour cette raison, de leur côté, les autorités françaises pressent le gouvernement italien de faire avancer le dossier de cet axe long de 57,5 km, incluant un tunnel en cours de creusement sous les Alpes. "Il y a des financements européens à la clef (...). Il faut qu'une décision intervienne maintenant pour qu'on ne perde pas ces financements", avait déclaré le 15 févrirr dernier la ministre française des Transports, rappelant que le projet est censé être financé à 40% par l'Union européenne qui a fait savoir qu'elle était prête à monter à 50%.

Élisabeth Borne a rappelé, vendredi 8 mars que la France "est favorable au lancement, à l’occasion du prochain conseil d’administration de TELT, des avis d’appels à candidature nécessaires à la poursuite du chantier. Cela permettra de respecter le temps de réflexion souhaité par l’Italie tout en préservant les financements européens."

La coalition italienne au pouvoir se déchire sur le projet

Mais, les forces de la majorité au pouvoir à Rome multiplient les tractations sur l'épineux dossier du Lyon-Turin, qui les opposent, pour éviter une chute du premier gouvernement populiste dans un pays fondateur de l'Union européenne. Les deux hommes forts de l'exécutif, Matteo Salvini, vice-Premier ministre et patron de la Ligue (extrême droite), et son homologue Luigi Di Maio, chef de file du Mouvement Cinq Etoiles (M5S, antisystème) sont à couteaux tirés sur ce projet.

La Ligue, ancrée dans le nord de l'Italie et proche de ses entreprises, est très favorable à cette nouvelle infrastructure de transport, au contraire du M5S qui y voit un formidable gaspillage d'argent public. La Ligue entend bien aller de l'avant, insistant sur le fait que les appels d'offre ne sont pas contraignants dans l'immédiat et qu'ils laissent le temps de discuter avec la France et l'UE, sans perdre les financements communautaires.

De son côté Luigi Di Maio, un des deux vice-Premiers ministres italiens, farouchement opposé au TGV Lyon-Turin, a adressé, hier vendredi 8 mars, un avertissement à son homologue Matteo Salvini, partisan de ce projet, qualifiant d'"irresponsable" le fait de mettre en question la survie du gouvernement. Les autorités italiennes sauront-elles se sortir rapidement de l'impasse dans laquelle elles se sont placées?

Frédéric Bergé avec AFP