Le programme économique très à gauche des Travaillistes britanniques
Les prochaines élections générale sont encore loin en Grande-Bretagne (2022), mais l'opposition travailliste à Theresa May avance déjà des propositions. Et elles sont très à gauche. Nationalisations, cession par les entreprises privées d'une partie de leurs capitaux à leurs employés: le Labour, principal parti d'opposition britannique, a présenté lundi un programme économique très à gauche lors de son congrès à Liverpool (nord-ouest de l'Angleterre).
La "véritable démocratie industrielle arrive", a déclaré, en présentant ces propositions, le responsable des questions financières du Labour, John McDonnell, réputé pour être encore plus à gauche que le leader du parti Jeremy Corbyn, lui-même un chantre de la gauche radicale.
Favoriser l'actionnariat salarié
S'ils arrivent au pouvoir, les travaillistes britanniques souhaitent que les entreprises privées cèdent jusqu'à 10% de leurs capitaux à leurs employés, qui pourraient dès lors toucher des dividendes. Cette proposition s'appliquerait aux entreprises comptant au moins 250 salariés, ce qui leur permettrait de toucher jusqu'à 500 livres (557 euros) par an.
Cet "actionnariat donnera aux travailleurs les mêmes droits que les autres actionnaires, et leur permettra d'avoir leur mot à dire sur la stratégie de leur entreprise", a estimé John McDonnell.
Cette proposition se veut une réponse à la stagnation des revenus au Royaume-Uni, qui restent légèrement inférieurs aux niveaux atteints avant la crise financière internationale de 2008-2009.
Des nationalisations dans le rail, l'énergie et la poste
Le responsable travailliste a également plaidé pour une vague de nationalisations dans les secteurs du rail, de l'eau, de l'énergie et des services postaux.
"Certains journaux disent que les électeurs sont horrifiés (par les nationalisations). Mais ils ont tort (...). Sondage après sondage, la propriété publique a prouvé sa popularité", a-t-il dit. "Les gens en ont juste assez de se faire arnaquer par la privatisation", a-t-il insisté, alors que le débat sur la renationalisation de certains pans de l'économie revient régulièrement au Royaume-Uni.
Réagissant aux annonces du Labour, l'organisation patronale CBI a dénoncé des mesures contre-productives. "Leur diktat sur l'actionnariat salarié ne fera qu'encourager les investisseurs à faire leurs valises (...). Si l'investissement diminue, la productivité et les salaires diminuent aussi", a déclaré la directrice générale de l'organisation, Carolyn Fairbairn.