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Union européenne

La croissance de la zone euro se tasse fortement au 3e trimestre

Le PIB des 19 pays ayant adopté la monnaie unique a progressé de 0,2% par rapport aux trois mois précédents et de 2,1% sur un an en données corrigées des variations saisonnières.

La croissance économique dans la zone euro a connu un très vif ralentissement au 3e trimestre, à +0,2% par rapport au trimestre précédent, tandis que l'inflation accélérait en octobre pour atteindre un nouveau record (+10,7%), a annoncé lundi Eurostat.

Au deuxième trimestre, la croissance avait atteint 0,8% par rapport à janvier-mars et 4,3% (révisé) par rapport au trimestre correspondant de 2021.

L'économie dans les 19 pays partageant la monnaie unique a toutefois mieux résisté qu'attendu sur la période juillet-septembre en dépit de la flambée des prix alimentée par la guerre en Ukraine, et alors que s'intensifient les risques de récession dans la région.

Cela ne pourrait être qu'un sursis cependant, avec la flambée des prix qui continue de s'accélérer sur fond de guerre en Ukraine et de crise énergétique et que d'autres indicateurs montrent d'ores et déjà une contraction de l'activité économique, observent les experts.

Résilience de courte durée

"Il ne s'agit plus de savoir si nous allons entrer en récession, mais de savoir de quelle sévérité sera cette récession (...) Une récession cet hiver en zone euro est imminente", ont averti les analystes du cabinet Oxford Economics.

En France et en Espagne, le PIB a progressé de 0,2% au 3e trimestre, après une hausse respectivement de 0,5% et 1,5% au trimestre précédent, selon des chiffres déjà rendus publics vendredi.

En Allemagne, où un recul du PIB était attendu, l'activité de la première économie européenne a en fait progressé de 0,3%, alors que le pays est l'un des plus touchés par la crise énergétique et l'inflation. L'Italie a enregistré une croissance de 0,5%, alors que l'ancien gouvernement, dirigé par Mario Draghi, prévoyait un "léger recul" du PIB.

De bons résultats qui s'expliquent notamment par la consommation des ménages restée solide cet été en période de vacances et par les mesures de soutien des gouvernements à la demande.

Durcissement de la politique monétaire

Cette résilience pourrait toutefois être de courte durée: l'inflation dans la zone euro a encore accéléré en octobre, à un nouveau record (+10,7%). Elle avait atteint 9,9% en septembre (chiffre révisé), pour les 19 pays partageant la monnaie unique européenne, déjà au plus haut depuis qu'Eurostat a commencé à publier l'indicateur en janvier 1997.

La France, qui a adopté des mesures de protection des consommateurs, avec notamment une baisse des tarifs des carburants, conserve en octobre l'inflation la plus faible d'Europe, à 7,1%, selon les données harmonisées d'Eurostat.

L'Allemagne est à 11,6%. Les pays baltes, particulièrement exposés aux conséquences de la guerre en Ukraine, subissent l'inflation la plus élevée: elle a atteint 22,4% en Estonie, 22% en Lituanie et 21,8% en Lettonie.

Autre ombre sur la conjoncture européenne: le durcissement de la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE), qui a relevé jeudi, pour la deuxième fois consécutive, ses taux d'une ampleur inédite de 0,75 point pour lutter contre l'inflation.

OC avec AFP