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Union européenne

La BCE relève son taux de référence de 25 points de base

Le siège de la Banque centrale européenne, à Francfort. Nicolas Sarkozy estime que la BCE peut jouer un rôle plus important dans le soutien à la croissance économique sans changer les traités. /Photo prise le 24 janvier 2012/REUTERS/Lmar Niazman

Le siège de la Banque centrale européenne, à Francfort. Nicolas Sarkozy estime que la BCE peut jouer un rôle plus important dans le soutien à la croissance économique sans changer les traités. /Photo prise le 24 janvier 2012/REUTERS/Lmar Niazman - -

La BCE poursuit sa politique de resserrement monétaire, en relevant son taux de référence à son plus haut niveau depuis mai 2001. Mais sa présidente Christine Lagarde déclare avoir une "attitude ouverte" pour la suite.

Face à une inflation toujours élevée, la Banque centrale européenne (BCE) a annoncé une nouvelle hausse de ses taux. Le Conseil des gouverneurs a en effet décidé ce jeudi de relever son taux de référence de 25 points de base, une hausse équivalente à celle du mois de juin. Il s'agit de la neuvième augmentation d'affilée de l'institution dans le cadre de sa politique de resserrement monétaire pour combattre l'inflation en zone euro.

L'augmentation des taux de 0,25 point de pourcentage décidée jeudi, comme en juin, porte le taux de dépôt des liquidités bancaires à la BCE, qui fait référence, à 3,75%, au plus haut depuis le printemps 2001. La BCE a par ailleurs décidé de ramener à 0% la rémunération d'une partie des réserves des banques à son guichet, qui ont un caractère obligatoire, ce qui va réduire la facture qu'elle doit payer en intérêts sur les réserves qui représentent encore plusieurs billions d'euros.

L'inflation encore "trop forte"

Un an après avoir lancé le cycle de relèvement des taux le plus rapide de leur histoire, de 4,25 points de pourcentage à ce jour, les gardiens de l'euro ont maintenu le cap.

"L'inflation continue de ralentir" en 2023, mais "devrait toujours rester trop forte pendant une trop longue période", a justifié la BCE dans un communiqué détaillant ses décisions.

En zone euro, l'inflation est certes en recul, à 5,5% sur un an en juin, mais surtout grâce au tassement des prix de l'énergie, et en restant très au-delà de l'objectif de 2% fixé par la BCE.

Un resserrement monétaire qui suscite des craintes

Mais les hausses successives de taux commencent à susciter des craintes. La politique des taux élevés est "risquée" et pourrait "prolonger la phase de faiblesse économique en Europe et en Allemagne que nous vivons actuellement", a déclaré le président de l'institut berlinois DIW Marcel Fratzscher jeudi à un groupe de médias allemand.

En zone euro, les effets de la hausse cumulée des taux sont déjà perceptibles: la demande de crédit, provenant en particulier des entreprises, a atteint son niveau le plus bas depuis 20 ans lors du deuxième trimestre, avait indiqué la BCE mardi.

Problème: cela intervient au moment où les entreprises doivent investir en masse pour verdir leur activité et accentuer le virage numérique. Une dizaine de militants écologistes d'Attac ont manifesté jeudi face à l'immeuble de la BCE, pour alerter sur la politique de l'argent cher qui à leurs yeux tue dans l'oeuf les efforts à mener pour financer la transition verte de l'économie.

Des critiques en Europe

La BCE veut freiner l'économie afin que les entreprises et commerces renoncent à augmenter les prix, et que leurs employés modèrent les revendications salariales, qui ont tendance à entretenir l'inflation. En amont de la réunion de politique monétaire du jour, le cours restrictif de la BCE a été critiqué dans certaines économies européennes fragiles.

Cette politique pourrait créer "une situation plus difficile pour la croissance au niveau européen", avait déclaré mi-juillet le ministre des Finances du Portugal Fernando Medina.

La cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni avait elle critiqué fin juin la "recette simpliste" consistant à augmenter les taux d'intérêt pour lutter contre l'inflation, craignant que "le remède se révèle plus dommageable que la maladie". La zone euro est tombée en légère récession l'hiver dernier, mais les dernières prévisions du Fonds monétaire international voient le PIB (produit intérieur brut) de la région progresser de 0,9% (+0,1 point) en 2023, malgré un recul en Allemagne (-0,3%), seul pays du G7 qui devrait voir la récession perdurer.

"Une attitude ouverte" sur les prochaines décisions

La présidente de la BCE Christine Lagarde a toutefois indiqué ce jeudi qu'elle aura désormais une "attitude ouverte" concernant ses prochaines décisions sur les taux d'intérêt, suggérant ainsi que la série de hausses pourrait au moins connaître une pause.

"Nous avons une attitude ouverte concernant les décisions qui seront prises en septembre et lors des réunions suivantes", qui dépendront des données économiques disponibles, a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse.
NLC avec AFP