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Union européenne

L'UE exhorte Ryanair à respecter la loi européenne

150 vols sont annulés vendredi

150 vols sont annulés vendredi - Pascal Pavani - AFP

"Ce n'est pas le pavillon de l'avion qui détermine la loi applicable. C'est l'endroit d'où les travailleurs partent le matin et reviennent le soir", a rappelé la commissaire européenne aux Affaires sociales. Certains salariés de Ryanair sont en grève vendredi notamment pour demander un contrat relevant de leur pays de résidence

La compagnie aérienne Ryanair va annuler 150 vols vendredi en raison d'une grève européenne de son personnel de cabine. Dans la journée, la commissaire européenne aux Affaires sociales, Marianne Thyssen, est intervenue pour rappeler Ryanair à l'ordre.

"Le respect du droit communautaire n'est pas quelque chose sur lequel les travailleurs devraient avoir à négocier, ni quelque chose qui peut être fait différemment d'un pays à l'autre", a prévenu Marianne Thyssen à l'issue de sa rencontre à Bruxelles avec le directeur général de la compagnie, Michael O'Leary, à la demande de ce dernier.

"Ce n'est pas le pavillon de l'avion qui détermine la loi applicable. C'est l'endroit d'où les travailleurs partent le matin et reviennent le soir, sans que l'employeur ait à couvrir les frais", a insisté la Commission européenne dans un communiqué.

Mardi, Ryanair avait donné une première prévision de 190 vols annulés, estimant alors que 30.000 clients seraient affectés par ce mouvement social, qualifié une nouvelle fois d'"inutile". L'appel à la grève concerne le personnel navigant d'Espagne, de Belgique, des Pays-Bas, du Portugal et d'Italie.

"Annulez cette grève"

Le syndicat des pilotes allemands a annoncé vendredi soir rejoindre le mouvement européen, tandis que celui du personnel naviguant allemand s'est donné jusqu'à jeudi soir pour décider d'un éventuel appel à la grève.

La commissaire européenne rappelle à Ryanair qu'"avec le succès vient aussi la responsabilité". "Le marché intérieur n'est pas une jungle: il comporte des règles claires sur la mobilité équitable du travail et la protection des travailleurs".

Michael O'Leary a pour sa part appelé à "annuler la grève" lors d'une conférence de presse à Diegem, près de l'aéroport de Bruxelles-Zaventem, selon des propos rapportés par l'agence Belga. "On accepte de négocier et il y a quand même une grève", a-t-il fait valoir, avant de lancer: "Annulez cette grève qui n'est pas soutenue par la très grande majorité des travailleurs de Ryanair!"

Michael O'Leary a aussi menacé de "diminuer la flotte" de Ryanair dans les aéroports belges de Bruxelles et Charleroi s'il devait continuer à y affronter le mécontentement syndical.

La grogne règne depuis cet été

Les syndicats réclament de meilleures conditions de travail et l'emploi de chaque salarié via un contrat relevant de son pays de résidence, contrairement à la pratique historique de Ryanair d'employer une bonne part de son personnel via des contrats de droit irlandais.

Cette grève coordonnée de vendredi marque la poursuite d'un mouvement social qui frappe la compagnie aérienne à bas coût depuis cet été. Ryanair a subi deux vastes mouvements d'arrêt du travail de ses employés coordonnés dans plusieurs pays européens: chez le personnel de cabine fin juillet (600 vols annulés et 100.000 passagers touchés) puis chez les pilotes au coeur du mois d'août (400 vols annulés et 55.000 passagers touchés).

Avec 150 suppressions de vols prévues pour ce vendredi à travers l'Europe, soit autant que la grève allemande de mi-septembre, l'ampleur du mouvement semble néanmoins donner des signes d'essoufflement.

La compagnie tente d'éteindre la contestation en signant dernièrement plusieurs accords avec des syndicats, notamment au Royaume-Uni, en Irlande et en Italie, dans lesquels la direction accepte des augmentations de salaires et des améliorations des conditions de travail. 

Coralie Cathelinais