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Union européenne

Frans Timmermans: "C'est dans l'intérêt de l'UE de faire sa transition écologique en premier"

Invité de BFM Business ce mercredi, le vice-président exécutif de la Commission européenne a répondu aux critiques visant les mesures du "paquet climat" présenté le l'UE ce mercredi.

Fin des moteurs thermiques en 2035, taxe sur le kérosène... L'Union européenne a dévoilé ce mercredi son paquet climat qui doit lui permettre de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 55% en 2030. Un ensemble de mesures chocs qui pourraient être difficilement accepté par les entreprises concernées, mais également par les citoyens.

"La transition sera difficile", a reconnu sur BFM Business Frans Timmermans, vice-président exécutif de la Commission européenne, en charge du Green Deal. "Mais au bout de la transition, nous aurons une planète plus propres, des emplois plus soutenables, une économie performante à l'échelle internationale et nous aurons une société plus juste", a-t-il ajouté.

Plus encore, il estime que "l'économie qui fera en premier cette transition (écologique, ndlr) sera l'économie la plus performante du monde". C'est donc "dans l'intérêt de l'industrie et de l'économie européenne de faire cette transition en premier", a-t-il martelé.

Fin des voitures thermiques en 2035: "une opportunité énorme"

Les constructeurs automobiles européens n'ont pourtant pas tardé à réagir ce mercredi, jugeant que l'interdiction de la vente des véhicules thermiques dès 2035 était "irrationnelle". Frans Timmermans assure au contraire qu'il s'agit d'une "opportunité énorme", d'autant que "neuf constructeurs ont déjà annoncé ne plus construire de voitures thermiques bien avant 2035 (...) et c'est ce que veulent les citoyens". En outre, "les voitures électriques seront moins chères que les voitures thermiques à partir de 2027", a-t-il déclaré, citant une étude de Bloomberg.

Les compagnies aériennes ont elles aussi déploré l'annonce d'une taxe européenne sur le kérosène. Mais là-encore, le vice-président exécutif de la Commission européenne a justifié cette mesure en rappelant que "le carburant qu'on met dans les voitures est taxé", que "l'électricité des trains est taxée"... Alors "pouquoi ne pas taxer le carburant des avions? Ca n'a pas de sens. On ne peut pas toujours utiliser l'argument de la concurrence internationale", a-t-il poursuivi, assurant que l'UE "aidera le secteur aérien".

"Justice sociale"

Bruxelles souhaite également étendre l'ETS (Système communautaire d'échange de quotas d'émission) au transport maritime, ainsi qu'au transport routier et au chauffage des bâtiments sur un "second marché carbone" dès 2026. En pratique, cela reviendrait à obliger les fournisseurs de carburants ou de fioul domestique à acheter des quotas d'émissions au prix du CO2, répercutant mécaniquement ce surcoût sur la facture des ménages.

De quoi s'interroger sur l'acceptabilité sociale d'une telle mesure, peu de temps après le mouvement des gilets jaunes. Mais "on peut montrer très clairement qu'il y a une justice sociale dans ce que nous proposons. Nous ne laisserons personne au bord de la route", a promis Frans Timmermans.

Ainsi la moitié des revenus de l'ETS devra être destinée à un fonds social pour "soutenir ceux qui ne sont pas capables de faire cette transition eux-mêmes". Les plus fragiles "auront le soutien de l'UE et des Etats membres pour s'assurer que tout le monde puisse faire cette transition", a conclu le vice-président de la Commission européenne.

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco