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Union européenne

Commission européenne: qui pour succéder à Jean-Claude Juncker?

Le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker va devoir laisser sa place à la tête de la Commission européenne

Le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker va devoir laisser sa place à la tête de la Commission européenne - Eric Vidal - AFP

Les trois plus gros partis du parlement européen poussent pour leur candidat, mais des négociations seront obligatoires pour réussir à réunir une majorité de voix d'eurodéputés sous un nom. Les premières tractations sont en cours.

Les élections européennes tout juste achevées, le temps des tractations commencent, et elles s'annoncent difficiles. Alors que des alliances se nouent pour former les futurs groupes du parlement européen, l'autre débat principal de ces prochaines semaines concerne la désignation du président de la Commission Européenne. Un dîner entre les 28 dirigeants de l'UE est prévu ce mardi soir pour échanger sur ces prochaines nominations.

Comment est élu le président de la Commission européenne?

"Le président de la Commission européenne est élu par le Parlement européen, sur proposition du Conseil européen qui désigne son candidat à la majorité qualifiée 'en tenant compte du résultat aux élections au Parlement européen'", explique le site Vie Publique.

La Commission européenne est une institution composée de 28 commissaires désignés par les États membres de l'UE, et est chargée de faire des propositions législatives aux autres institutions de l'Union. C'est le Conseil européen, qui est lui constitué des 28 dirigeants de l'Union Européenne, qui proposera un candidat aux parlementaires avant le 21 juin.

Le candidat à la tête de la Commission européenne doit ensuite être "élu par le Parlement européen à la majorité des membres qui le composent", soit actuellement 376 voix, selon l'article 7, paragraphe 7 du traité de l'Union Européenne.

Le candidat du parti majoritaire de la PPE

François-Xavier Bellamy, Laurent Wauquiez et Manfred Weber, président du groupe PPE au Parlement européen, le 26 avril 2019 à Strasbourg
François-Xavier Bellamy, Laurent Wauquiez et Manfred Weber, président du groupe PPE au Parlement européen, le 26 avril 2019 à Strasbourg © AFP - Patrick Hertzog

"Nous avons gagné les élections et ce sera le 'Spitzenkandidat' [chef de file du parti, ndlr] du PPE, Manfred Weber, le président de la Commission", a soutenu dès dimanche soir Joseph Daul, le président du Groupe du Parti populaire européen. Cette formation a totalisé 180 élus, d'après les résultats provisoires du parlement européen, ce qui la place en tête et lui octroie d'ores et déjà 180 voix sur les 376 requises.

Mais le PPE (groupe où siège le parti français Les Républicains) est sorti affaibli de ces élections européennes, perdant notamment 40 sièges. De plus, suspendu par le PPE, le huitième dirigeant, le Hongrois Viktor Orban, est pour sa part hostile à la désignation de Manfred Weber.

Manfred Weber a également contre lui le fait d'être Allemand, car il est "d'usage, dans la majorité des cas, que le président de la Commission ne soit pas de la même nationalité que les États membres les plus influents, afin de trouver un équilibre des forces au sein de la Commission", explique le site Toute l'Europe.

Libéraux et sociaux démocrates cherchent des soutiens

Deux autres candidats sont sérieusement envisagés. Ainsi, le président français Emmanuel Macron espère nouer des alliances pour faire élire la Danoise Margrethe Vestager, membre de l'ADLE (Groupe Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe) dont LaRem, parti de la majorité présidentielle, fait pour le moment partie. Avec 109 élus, ce groupe est le troisième plus puissant du parlement européen.

Margrethe_Vestager,_ekonomi-_och_inrikesminister_Danmark._Nordiska_radets_session_i_Kopenhamn_2011_(2).jpg
Margrethe_Vestager,_ekonomi-_och_inrikesminister_Danmark._Nordiska_radets_session_i_Kopenhamn_2011_(2).jpg © Johannes Jansson / 2011

Le président Français compte sur les huit chefs d'État de la famille libérale et va aller chercher l'appui des cinq dirigeants socialistes pour appuyer la candidature de cette commissaire européenne chargée de la concurrence. Au Parlement le groupe des socio-démocrates représente 146 députés européens, soit la deuxième force de Strasbourg. La possibilité de s'appuyer sur le groupe des Verts (69 élus) est également envisagée.

Mais les socialistes ont aussi leur candidat. Le néerlandais polyglotte et ancien diplomate, Frans Timmermans. Il est notamment responsable des procédures de sanctions engagées contre la Pologne et la Hongrie pour des accusations de violations de l'État de droit, ce qui lui vaut une certaine hostilité de la part de certains membres.

Frans Timmermans
Frans Timmermans © JOHN THYS / AFP

Un mois supplémentaire en cas de refus

Ces deux candidats auraient toutefois du mal à être élus sans l'appui final au Parlement de la puissante PPE, qui représente presque un quart de tous les élus. Réciproquement, le PPE a besoin des voix de l'ADLE et des sociaux démocrates s'il veut réunir une majorité. Un quatrième profil non-candidat est donc évoqué: celui du négociateur de l'Union européenne pour le Brexit, le Français Michel Barnier.

"Nous pèserons de tout notre poids pour avoir soit un candidat français, Michel Barnier, soit un candidat beaucoup plus proche du nouveau barycentre du nouveau Parlement, beaucoup moins à droite", a déclaré le député européen LaRem, Pascal Canfin à France Inter.

Si le candidat proposé n’est pas approuvé par le Parlement, le Conseil européen doit en soumettre un nouveau dans un délai d’un mois, et selon la même procédure, selon l'article 7, paragraphe 7 du traité de l'Union Européenne.

Salomé Vincendon