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Union européenne

Brexit: Macron dénonce la "quantité considérable de mensonges" diffusés lors du référendum

En déplacement à Bruxelles pour le Sommet européen, le chef de l'État s'en est pris aux Brexiters qui, selon lui, sont responsables de l'impasse actuelle après avoir diffusé "une quantité considérable de mensonges" lors du référendum de 2016.

À l'issue d'un Sommet européen largement consacré au Brexit, Emmanuel Macron a salué ce vendredi l'accord trouvé par les 27 pour permettre au Royaume-Uni de reporter sa sortie de l'Union européenne.

Le chef de l'État a néanmoins déploré la "crise démocratique inédite" qui frappe le Royaume, alors que parlementaires et dirigeants d'outre-Manche ne parviennent toujours pas à accorder leurs violons pour sortir de l'impasse.

Si la situation est aussi confuse, c'est parce que "le peuple britannique s'est exprimé en n'ayant pas tout en tête" lors du référendum de 2016, a estimé Emmanuel Macron, s'en prenant violemment aux Brexiters:

"Le peuple britannique a fait un choix souverain dans le cadre d'un référendum sur la base d'une quantité de mensonges. Ceux qui avaient prôné ce schéma ont disparu de la scène politique et ont laissé à d'autres le soin de le mettre en oeuvre", a dénoncé le locataire de l'Élysée. 

Le Brexit, une "leçon politique"

S'il a dit avoir à coeur que les Britanniques puissent réussir dans cette page qui s'ouvrira, Emmanuel Macron a également dit espérer que "beaucoup, de l'autre côté du Channel, dénonceront le cynisme qui a pu présider il y a trois ans lors du vote et la grande différence entre la réalité qu'ils auront peut-être à vivre et ce qu'on leur avait promis".

Plus qu'"une négociation technique", Emmanuel Macron a estimé que le Brexit était "avant toute chose une leçon politique". "Proposer le rejet de l'Europe sans projet mène à l'impasse. La situation britannique nous le démontre et chacun doit en avoir conscience", a-t-il déclaré. S'il ne faut pas non plus "ignorer les peurs et les colères des peuples", au risque de courir "au désastre", il a précisé qu'il ne fallait pas "jouer avec les peurs et déchirer une page sans proposer autre chose". 

Toutefois, le président s'est dit opposé à l'option d'un long report, voire d'un nouveau vote sur le Brexit, prédisant que cela mettrait l'Europe "en situation de laisser certains, partout dans nos pays, dire: 'Ces dirigeants européens... Quand le peuple vote quelque chose qui ne les arrange pas, il fait tout pour ne pas l'appliquer'". Afin d'illustrer son propos, il a pris l'exemple du référendum de 2005 en France, dont le résultat avait été finalement ignoré par le Parlement avec la ratification du traité de Lisbonne.

"Tout reste possible"

Emmanuel Macron a cependant fait par de son souhait de voir le Royaume-Uni sortir de manière ordonnée de l'Union européenne, c'est-à-dire avec un accord. 

Plus tôt dans la journée, le président du Conseil européen Donald Tusk a rappelé que "tout reste possible" jusqu'à la nouvelle date butoir du Brexit, fixée au 12 avril si les députés britanniques n'approuvent pas la semaine prochaine le traité de retrait. 

Paul Louis avec AFP