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Union européenne

Brexit : la France prête à opposer son "veto" en cas de mauvais accord

Clément Beaune, secrétaire d'Etat aux Affaires européennes

Clément Beaune, secrétaire d'Etat aux Affaires européennes - MARTIN BUREAU

Le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, Clément Beaune, a promis que la France n'acceptera pas un accord sur le Brexit à n'importe quel prix. Le risque d'un non-accord "existe" et il faut "s'y préparer", a-t-il dit.

La France opposera son "veto" à un accord commercial post-Brexit s'il ne répond pas à certaines exigences, notamment en matière de pêche, a déclaré ce vendredi le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes Clément Beaune. "S'il y avait un accord qui n'était pas bon (...) nous nous y opposerions", a-t-il déclaré sur la radio Europe 1. Avec un veto? "Oui. Chaque pays a le droit de veto", a-t-il ajouté.

La France fera pour cela sa "propre évaluation" de l'accord, a-t-il dit. "Nous le devons aux Français, nous le devons à nos pêcheurs et à d'autres secteurs économiques", a souligné Clément Beaune. Le risque d'un non-accord "existe" et il "faut s'y préparer", a-t-il par ailleurs répété. "Mais je veux croire qu'on peut avoir un accord et un bon accord", a-t-il également insisté.

Le Premier ministre Jean Castex a martelé jeudi que la pêche française ne pouvait pas être "sacrifiée comme variable d'ajustement" dans les négociations commerciales post-Brexit entre l'Union européenne et le Royaume-Uni. Ces négociations, qui ont repris samedi à Londres, butent toujours sur trois points: l'accès des pêcheurs européens aux eaux britanniques, les garanties réclamées à Londres en matière de concurrence et la manière de régler les différends dans le futur accord.

"Nouveaux éléments inttendus"

Les négociateurs sont sous une pression de calendrier croissante, car la rupture définitive entre l'UE et le Royaume-Uni aura lieu le 31 décembre, date à laquelle les Britanniques, qui ont officiellement quitté l'UE le 31 janvier, cesseront d'appliquer les normes européennes. Sans accord pour régir leur relation, les deux parties échangeront selon les seules règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), synonymes de droits de douane ou de quotas. Au risque d'un nouveau choc économique s'ajoutant à celui de la pandémie.

Selon une source gouvernementale au Royaume-Uni, l'UE a apporté "de nouveaux éléments" inattendus dans la négociation qui pourraient permettre une "percée". L'UE n'est plus qu'à "quelques millimètres" d'avoir concédé tout ce qu'elle pouvait, ont prévenu de leur côté jeudi des sources européennes. Faute de compromis, le Brexit pourrait s'inviter au sommet européen des 10-11 décembre à Bruxelles, et ce au moment où des failles apparaissent dans l'unité des 27.

Selon plusieurs sources européennes, l'Allemagne, qui occupe la présidence tournante de l'UE, et la Commission européenne veulent un accord "à tout prix". Mais certains Etats membres, en particulier les plus concernés par un accord avec le Royaume-Uni sur la pêche (France, Danemark, Pays-Bas ou Belgique), disent préférer un "no deal" à "un mauvais accord".

P.L. avec AFP