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Union européenne

Accord de l'UE sur les renouvelables: pour François Gemenne, l’enjeu est aussi de "baisser le niveau d’énergie carbonée"

Quelques heures après l'accord des 27 pour doubler la part des renouvelables dans la consommation énergétique d'ici 2030, le membre du GIEC a estimé que ces objectifs étaient vains sans action significative sur le niveau d'énergie carbonée.

L'essentiel est ailleurs. Voici comment résumer l'avis de François Gémenne sur le récent accord des Etats de l'Union européenne et eurodéputés pour quasiment doubler la part des renouvelables dans la consommation énergétique d'ici 2030. L'accord, conclu après une nuit d'ultimes pourparlers, fixe l'objectif contraignant d'au moins 42,5% d'énergies renouvelables dans la consommation européenne d'ici 2030, un quasi-doublement du niveau actuel d'environ 22% (19% en France).

Le membre du groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) a d'abord rappelé les fondements de ce nouvel objectif: "Si on passe à ce pourcentage, c’est aussi grâce à Joe Biden et au plan d’investissement des Etats-Unis dans les énergies vertes car les gros investisseurs européens se sont précipités aux Etats-Unis. Il y a un enjeu de compétitivité industrielle."

Des actions rapides à cibler sur les énergies fossiles

Par ailleurs, le co-directeur de l'Observatoire Défense et Climat à l'IRIS se méfie "comme de la peste de ces objectifs de moyen-long terme qui sont déterminés de manière un peu aléatoire": "Il faut qu’on trace une trajectoire réaliste car sinon on aura tendance à retarder au lendemain des choses qu’on aurait déjà dû faire."

"La question n’est pas ce qu’on fait dans 10 ans mais ce qu’on fait demain", résume François Gémenne.

Surtout, François Gémenne insiste sur la nécessité d'agir en priorité sur le front des énergies fossiles. "Cet objectif reste en dessous de ce qu’il faudrait faire mais l’enjeu n’est pas uniquement d’avoir 50 ou 60% de renouvelables mais de baisser le niveau d’énergie carbonée, a-t-il souligné en préconisant la sobriété et l’efficacité énergétiques. On voit pas aujourd’hui comment va s’enclencher une baisse des énergies fossiles alors que c’est là que réside l’enjeu."

Timothée Talbi