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TOUT COMPRENDRE – Les plans de continuité en entreprises

De plus en plus d’entreprises mettent à jour ou instaurent des plans de continuité d’activité face à l’avancée rapide du variant Omicron.

Or, si certaines entreprises disposent d’un re de crise en charge de la continuité ou d’un directeur des risques comme personne référente, il faut pouvoir impliquer tous les personnels concernés. Or, avec le covid-19 et surtout le variant Omicron, un certain nombre de salariés manquent à l’appel. Une preuve de plus que ce type de plan n’est pas superflu.lus en plus d’entreprises, face à la menace d’une "désorganisation de la société" soulevée par l’avancée fulgurante du variant Omicron.

>>> Qu’est qu’un plan de continuité ?

"Un plan de continuité d’activité, c’est un ensemble de règles qui vont être mises en place par l’entreprise pour assurer le maintien des activités en temps critiques, lors d’évènements exceptionnels comme ce que nous vivons actuellement. Cela va permettre le maintien, puis la reprise des activités en mode dégradé, explique ce mardi sur BFM Business Sonia Cabanis, associée Risk Advisory chez Deloitte. La forme que cela va prendre est un plan qu’on va mettre en place et qui va nous permettre de continuer à fonctionner même si certains scénarios extrêmes se matérialisent".

Le PCA peut être activé face à une pandémie, mais aussi des catastrophes naturelles, des ruptures d’approvisionnement ou encore une cyberattaque.

>>> Quels critères doivent être pris en compte dans ce plan ?

Tous les process de l’entreprise doivent être passés au crible. Mais on détaille quatre grands piliers à prendre en considération, suivant "le sigle BETC3", explique Sonia Cabanis.

  • La lettre B prend en compte les bâtiments: comment faire s’il n’est plus accessible.
  • E concerne les équipements dans l’entreprise.
  • "T, c’est pour la technologie, si mes systèmes d’information ne fonctionnent plus, comment continuer à travailler, livrer mes clients les plus critiques", poursuit Sonia Cabanis.
  • H concerne bien entendu l’humain, les ressources humaines sont une clé des plans de continuité, en particulier en cette période de covid. Comment faire si les salariés ne peuvent plus venir travailler.
  • "3 ce sont les tiers, si mes fournisseurs, distributeurs ne sont plus là, ne peuvent plus assurer le travail de manière classique, comment continuer à fonctionner", précise enfin Sonia Cabanis.

Mettre en place un plan de continuité amène donc à produire un document très lourd, car il faut pointer tous les process dans chacun des champs d’activité de l’entreprise, prioriser ceux qui sont essentiels et "voir ce qu’il faut a minima pour que [tel ou tel, ndlr] processus fonctionne", résume Sonia Cabanis. Et même –voire surtout - les processus qui concernent les activités les plus évidentes de la vie d’une entreprise ou d’une administration doivent être prises en compte, comme la paie.

"Si demain les personnes qui réalisent la paie ne sont pas là, si mes systèmes informatiques sont 'down', comment faire pour continuer à payer mes salariés en fin de mois ?", résume Sonia Cabanis.

Ce qui suppose de réorganiser ses équipes. Par exemple, chez RTE, les activités sont divisées entre activités essentielles et non essentielles. Dans ces dernières activités, l'activité est organisée par équipes de 3 à 5 personnes, qui ne se mélangent pas les unes aux autres et appliquent strictement les gestes barrières", explique à La Provence Jean-Philippe Bonnet, directeur de RTE Méditerranée.

"En cas de crise très grave se traduisant par un absentéisme préoccupant, nous pourrions imaginer de confiner nos dispatchers sur leur lieu de travail en leur fournissant le gîte et le couvert évidemment!, poursuit Jean-Philippe Bonnet. Mais nous n'avons jamais eu à arriver à cette extrémité".

>>> Quelles entreprises sont concernées?

Difficile d’avoir des chiffres sur le nombre d’entreprises qui disposent d’un PCA. L’Etat établit lui-même ce genre de plans pour les secteurs les plus stratégiques comme, par exemple, la gestion des eaux usées, les hôpitaux. Beaucoup de sociétés ont commencé à développer leur PCA depuis le début de la pandémie, et certaines ont même pu ressortir des plans établis en 2009, lors de la pandémie de grippe H1N1. Reste à savoir si elles les avaient régulièrement mis à jour tout au long des années ou si une révision complète est à prévoir.

>>> Le Covid demande-t-il des plans particuliers par rapport au plan de continuité classique.

"Ce qui est inédit avec la crise actuelle, c’est que l’on pouvait avant avoir un de ces scenarios qui se matérialisait, un incendie dans un bâtiment par exemple, mais avec la pandémie c’est l’ensemble de ces ressources qui sont impactées: l’humain, les fournisseurs qui rendent plus difficiles les chaînes d’approvisionnement, constate Sonia Cabanis. Et cela rend la tâche de la mise en place de ces PCA encore plus compliquée qu’avant".

Surtout que pour être réellement efficace, un PCA doit avoir été testé, via des exercices à blanc pour éprouver que la théorie reste bien valable une fois mise en pratique, et pouvoir, le cas échéant, corriger le tir.

Or, si certaines entreprises disposent d’un re de crise en charge de la continuité ou d’un directeur des risques comme personne référente, il faut pouvoir impliquer tous les personnels concernés. Or, avec le covid-19 et surtout le variant Omicron, un certain nombre de salariés manquent à l’appel. Une preuve de plus que ce type de plan n’est pas superflu.

Pauline Ducamp
https://twitter.com/PaulineDucamp Pauline Ducamp Rédactrice en chef adjointe web