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Sophie Binet balaie tout "retour à la normale" tant que la réforme des retraites "n'est pas abandonnée"

Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, était l'invité du Grand Jury LCI-RTL-Le Figaro. À quelques jours de sa réunion avec Elisabeth Borne, elle s'est montrée ferme.

En attendant le "D-Day" du 6 juin et une 14e journée de manifestations contre la réforme des retraites, les syndicats reprendront langue cette semaine avec la Première ministre, occasion pour eux de faire avancer les sujets qu'ils estiment prioritaires face à un gouvernement qu'ils jugent "affaibli".

Les cinq syndicats représentatifs - CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC - seront reçus à Matignon dans le cadre de réunions bilatérales mardi et mercredi. Les organisations patronales le seront à leur tour la semaine suivante.

Une "réforme violente" qui "vole 2 ans de vie aux salariés"

À deux jours de la rencontre, la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet s'est montrée ferme au sujet de la réforme des retraites: "Ce que je vais dire à la Première ministre, c'est qu'il n'y aura pas de retour à la normale si la réforme n'est pas abandonnée", a-t-elle déclaré ce dimanche à l'antenne du Grand Jury LCI-RTL-Le Figaro.

"On ne peut pas gouverner contre son peuple", a-t-elle déclaré. Ce qu'elle veut c'est que soit "discutée une alternative à cette réforme violente" qui "vole deux ans de vie aux salariés".

"Même après ces mois agités, je reste convaincue qu'il faut donner plus de place à la négociation et au dialogue social", vait assuré un peu plus tôt ce dimanche Elisabeth Borne dans une interview au JDD, se disant "à l'écoute des priorités" des organisations syndicales et patronales. Avec les responsables syndicaux, "on n'a jamais coupé le fil", insiste-t-elle.

Elisabeth Borne avait lancé ces invitations sans "ordre du jour précis" début mai, quelques jours après avoir présenté la feuille de route des "cent jours" décrétés par Emmanuel Macron pour relancer l'exécutif après la réforme des retraites. Une réforme qui a été adoptée par le Parlement et promulguée par le président de la République le 14 avril, sans que cela ne convainque les syndicats de rendre les armes.

"Des demandes extrêmement précises"

Sophie Binet a aussi fait savoir qu'elle arriverait mercredi auprès de la Première ministre "avec des demandes extrêmement précises". Elle veut notamment "une réduction du temps de travail, c'est pour cela que nous portons les 32 heures" (de travail hebdomadaire). La numéro un de la CGT veut également parler des salaires, en demandant leur indexation sur les prix, ainsi que de la "conditionnalité des aides publiques" aux entreprises qui reçoivent "200 milliards d'euros chaque année sans conditions sociales ni environnementales".

"Ça n'est plus possible de multiplier les cadeaux" aux entreprises, a lancé Sophie Binet. Conditionner les aides publiques constituerait selon elle un "levier majeur qui permettrait par exemple de mettre sous pression les entreprises pour augmenter les salaires". La leader de la CGT propose que ces aides soient soumises à une validation des représentants du personnel, qui "jugeraient si les objectifs sociaux et environnementaux sont tenus".

"Ce n'est pas possible d'avoir des aides publiques quand on licencie, quand on ne respecte pas l'égalité professionnelle, quand on augmente de façon exponentielle les dividendes et les salaires des PDG et que les salaires stagnent", a estimé Sophie Binet.

"Des milliards de prêts garantis par l'Etat"

Elle a pointé du doigt le directeur général d'Air France-KLM Benjamin Smith qui "vient d'annoncer le triplement de son salaire" alors qu'Air France "a touché des milliards de prêts garantis par l'Etat" et "a été un des premiers bénéficiaires des aides publiques Covid". Elle a aussi épinglé le laboratoire français Sanofi "qui a bénéficié de près d'un milliard de crédit impôt recherche (CIR) et qui dans le même temps a divisé par deux son nombre de chercheurs".

Après un 1er-Mai placé sous le signe de la bataille contre le report de l'âge légal de départ à la retraite, les syndicats ont annoncé une 14e journée de grève et de manifestations le 6 juin, deux jours avant l'examen à l'Assemblée d'une proposition de loi du groupe Liot visant à abroger la réforme. Sophie Binet estime que la "défiance est totale" et elle en veut pour preuve "Emmanuel Macron ne peut pas faire un déplacement sans être accueilli par une manifestation contre la réforme des retraites, tout comme ses ministres".

https://twitter.com/DianeLacaze Diane Lacaze avec AFP Journaliste BFM Éco