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Transports, écoles, éboueurs... Ce à quoi il faut s'attendre en ce nouveau mardi de grève

Une semaine après l'adoption de la réforme des retraites via le 49.3, l'intersyndicale appelle à une dixième journée de mobilisation ce mardi. Plusieurs secteurs d'activités seront de nouveau particulièrement actifs avec un fonctionnement perturbé.

Plus que jamais, l'intersyndicale souhaite maintenir la pression sur l'exécutif pour parvenir à un retrait de la réforme des retraites. Après une neuvième journée de mobilisation particulièrement suivie, les organisations espèrent enregistrer des chiffres d'affluence au moins égaux, voire supérieurs. D'après les estimations des renseignements territoriaux, 650.000 à 900.000 personnes devraient descendre dans les rues sur l'ensemble de l'Hexagone. A Paris, où le cortège s'élancera de République pour rejoindre Nation, 70.000 à 100.000 personnes sont attendues.

Surtout, les syndicats comptent sur la poursuite des actions dans plusieurs secteurs d'activité alors que certains d'entre eux sont perturbés par des grèves reconductibles enclenchées il y a maintenant plus de trois semaines. A la veille de cette dixième journée de mobilisation interprofessionnelle, BFM Business fait le point sur les perturbations prévues.

Les transports ferroviaires restent perturbés

La RATP a communiqué ses prévisions de trafic pour le 28 mars dès dimanche après-midi. Globalement, l'entreprise "prévoit un trafic perturbé sur le réseau métro et très perturbé sur le RER" et "normal sur les réseaux bus et tramway". Dans le détail, le trafic sera normal sur les lignes automatisées 1 et 14 ainsi que les lignes 3bis, 7bis, 9 et 2 sur laquelle le service sera assuré uniquement entre 5h30 et 20 heures. La moitié des trains de la ligne 3 circuleront tandis que deux tiers des trains des lignes 6, 7 et 12 effectueront leur service. Sur la partie des RER A et B opérée par la RATP, seuls trois trains sur cinq circuleront avec des interconnexions maintenues à Nanterre Préfecture et Gare du Nord.

De son côté, la SNCF a donné ses prévisions détaillées lundi en fin d'après-midi mais elle avait d'ores et déjà évoqué un "trafic fortement perturbé" dimanche, recommandant "aux voyageurs qui le peuvent de reporter ou d'annuler leurs déplacements prévus ce jour-là". Seule la moitié des TER circuleront contre un quart des Intercités de jour, les nocturnes étant à l'arrêt. Trois TGV Inoui et Ouigo sur 5 effectueront leur service tandis que les circulations Eurostar et Thalys seront quasi-normales.

Environ 20% des vols annulés

La Direction générale de l'aviation civile (DGAC) a communiqué dès vendredi en prévision du mouvement social national interprofessionnel de mardi et mercredi. De ce lundi soir à jeudi matin, la DGAC prévient que "le trafic aérien sera perturbé au départ et à l'arrivée des aéroports de Paris-Orly, Marseille-Provence, Bordeaux et Toulouse". Outre les retards, 20% des vols prévus sur ces sites devraient être annulés. Elle invite les voyageurs qui le peuvent à reporter leur trajet et à se rapprocher leur compagnie aérienne.

Mobilisée de longue date, la fédération nationale des Ports et Docks CGT a appelé les travailleurs portuaires et les ouvriers dockers à prendre part à une grève de 24 heures. Les actions reconductibles ont été amplifiées dès aujourd'hui à travers notamment un arrêt des activités des ports d'une durée de 4 heures entre 10 et 16 heures. De même, les grévistes poursuivent l'arrêt des heures supplémentaires et la suppression des shifts exceptionnels.

Seules deux raffineries sur sept continuent de produire

Des opérations escargots et autres blocages sont à prévoir sur les routes en raison de la mobilisation de nombreuses fédérations syndicales de transporteurs routiers comme la CFDT FGTE, SUD-Solidaires Transports routiers ou encore FO Transports et de la Logistique. Mais ce ne sont pas les seules opérations qui pourraient perturber les automobilistes puisque les raffineries restent touchées par le mouvement social malgré le début des réquisitions. Le secteur de l'énergie -- gaz, pétrole, électricité -- reste particulièrement mobilisé depuis le 19 janvier contre la réforme, approuvée au parlement par la procédure de l'article 49.3.

A ce stade, deux des sept raffineries continuent de produire en France, celle d'Esso-Exxon-Mobil de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) et celle de TotalEnergies de Feyzin (Rhône), qui tourne "en service à débit réduit", selon la direction du groupe. Ce week-end, la raffinerie de Port-Jérôme-Gravenchon (Esson-ExxonMobil) -- dont les expéditions sont toujours bloquées -- a été mise à l'arrêt, à défaut d'être alimentée en brut du fait de la poursuite du mouvement de grève à la Compagnie industrielle maritime (CIM), sur le dépôt pétrolier du Havre.

La raffinerie TotalEnergies dite "de Normandie", à Gonfreville-L'Orcher (Seine-Maritime), est également à l'arrêt, a précisé la direction du groupe. Après des réquisitions vendredi de salariés pour permettre de réapprovisionner l'Ile-de-France en carburants, notamment en kérosène pour ses aéroports, "les expéditions ont dû s'arrêter de nouveau", a précisé lundi Eric Sellini, coordonnateur CGT chez TotalEnergies. La bio-raffinerie de La Mède et la raffinerie de Donges opérées par le groupe pétrolier sont arrêtées pour des raisons autres que la grève.

Près d'un tiers des professeurs du primaire en grève

Quelque 30% des professeurs du primaire seront en grève mardi pour la nouvelle journée de mobilisation intersyndicale contre la réforme des retraites, prévoit lundi le Snuipp-FSU, premier syndicat dans les écoles maternelles et élémentaires. Cette estimation du taux de grévistes, plus faible que la précédente, s'explique selon le syndicat par "les journées de mobilisation qui se succèdent et deviennent un sacrifice financier pour les enseignants".

"Il y a également une préoccupation des enseignants de ne pas pénaliser enfants et parents au dernier moment", a expliqué sa secrétaire générale, Guislaine David.

En ce qui concerne les collèges et les lycées, leurs fermertures sont en revanche plus difficiles à anticiper.

Les éboueurs toujours mobilisés

L'opposition des éboueurs parisiens à la réforme des retraites ne devrait pas faiblir demain alors que plusieurs opérations ont été organisées dans le secteur de la gestion des déchets ce lundi. Plus d'une centaine de personnes bloquaient dans le calme depuis ce matin l'entrée d'une usine d'incinération à Ivry, près de Paris, pour démontrer que "la détermination est pleine et entière".

De jeunes militants, des agents de la fonction publique hospitalière ou salariés de la RATP se sont rassemblés depuis 9 heures devant les grilles d'entrée du site d'incinération, heure à laquelle devaient arriver les premiers camions bennes de la journée pour le déchargement. "Le but est de continuer jusqu'au retrait du texte qui étend à 64 ans l'âge légal de départ", a expliqué Marc Bontemps, secrétaire général FNME CGT. Le Syctom, syndicat métropolitain Syctom qui gère les trois usines d'incinération entourant la capitale, a fait état de deux sites sur trois perturbés lundi matin.

Timothée Talbi avec AFP