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Retraites: la mobilisation contre la réforme en baisse ce mardi, des tensions dans plusieurs villes

Plus de 2 millions de manifestants se sont mobilisés pour la dixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites contre 740.000 pour le ministère de l'Intérieur.

Une mobilisation en baisse, et des tensions qui se poursuivent. La CGT a annoncé plus de 2 millions de personnes dans les rues du pays ce mardi 28 mars pour protester contre la réforme des retraites du gouvernement. Un chiffre en baisse par rapport à jeudi dernier, tout comme celui du ministère de l'Intérieur qui dénombre 740.000 manifestants pour cette dixième journée de mobilisation.

En outre, des heurts avec les forces de l'ordre, échauffourées et autres dégradations ont émaillé les cortèges contre la réforme des retraites dans plusieurs villes dont Paris, où le défilé a été plus calme que lors de la précédente mobilisation. Dans la soirée de mardi, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a annoncé 201 interpellations en France ce mardi.

Dans la capitale, des affrontements ont opposé forces de l'ordre et certains militants vêtus de noirs et visages masqués, vers la fin du parcours de la manifestation qui reliait la place de la République à celle de la Nation. Auparavant, un commerce Leclerc avait été pillé, des feux de poubelles allumés et du mobilier urbain dégradé par ces groupes de manifestants masqués, dont le comportement tranche avec celui, calme et festif, de la masse des autres participants au cortège.

Au moins 70 interpellations à Paris

Les forces de l'ordre ont chargé et tiré des grenades de gaz lacrymogène pour séparer "le bloc", permettre "l'intervention des pompiers" et "faciliter la progression du cortège", a indiqué la préfecture de police de Paris.

D'autres incidents se sont produits place de la Nation lors de la dispersion de la manifestation vers 19h avec des jets de pavés et bouteilles sur les forces de l'ordre qui ont tiré de nombreuses grenades lacrymogènes en retour. À 20h30, le calme était revenu sur la place, où il ne restait plus que quelques dizaines de manifestants. En milieu de soirée, la préfecture de police a fait état de 70 interpellations.

Au moins cinq personnes ont été prises en charge par les secours trois blessés ont été pris en charge par des "street medics" (secouristes volontaires). Selon le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, 13.000 policiers et gendarmes - dont 5500 à Paris - ont été mobilisés pour la 10e journée de protestation contre la réforme des retraites, un dispositif qu'il a qualifié d'"inédit".

Des défilés plus calmes à Rennes et Nantes

Dans l'ouest de la France où les heurts avaient été particulièrement violents jeudi, des violences et dégradations ont à nouveau été recensées à Nantes et Rennes malgré deux défilés jugés globalement plus calmes.

Dans la préfecture de Loire-Atlantique, une agence bancaire et une voiture ont été incendiées et le tribunal administratif visé. Au moins cinq manifestants ont été blessés à Nantes. La préfecture a annoncé 49 interpellations. La maire de la ville Johanna Rolland a déploré un "vandalisme inacceptable".

A Rennes, de nombreuses dégradations ont été commises dans le centre-ville où une agence d'assurance a été saccagée. Les forces de l'ordre ont fait usage d'un canon à eau. Six personnes ont été interpellées selon la préfecture qui a dénombré 13.600 manifestants contre 25.000 pour les syndicats.

Des incidents constatés à Toulouse, Lyon ou encore Lille

À Toulouse, la manifestation a aussi été émaillée d'incidents. Les forces de l'ordre ont fait usage du canon à eau contre une cinquantaine de manifestants, vêtus de noir, portant masques et lunettes de protection.

Même scénario à Lyon où des commerces ont été vandalisés et où la préfecture a décidé de l'usage du canon à eau. 15 personnes ont été interpellées.

À Lille où au moins 25.000 personnes ont manifesté selon les syndicats contre 8000 pour la préfecture, c'est aussi en fin de parcours, que des incidents ont éclaté entre forces de l'ordre et certains manifestants. Les premières ont utilisé deux canons à eau et tiré des gaz lacrymogènes avant de charger pour disperser des manifestants lillois, après l'arrivée du cortège. Certains manifestants ont répliqué avec des tirs de bouteilles vers les policiers, qui ont procédé à au moins une interpellation. La manifestation s'était jusque-là déroulée globalement dans le calme.

Des "violences graves" à Charleville-Mézières

Jets de projectiles, usages de gaz lacrymogène par les forces de l'ordre, dégradations ont également été recensés à Bordeaux, Calais, Dijon ou Caen. La préfecture des Ardennes a dénoncé des "violences graves" en marge de la manifestation qui a réuni 4000 personnes à Charleville-Mézières, déplorant des jets de projectiles sur les forces de l'ordre, dont des "bouteilles d'acide", "tirs tendus de mortier, et annonçant 18 interpellations".

À Strasbourg où 15.000 personnes ont manifesté selon les syndicats contre 6500 pour la préfecture, quelques centaines de jeunes manifestants ont joué au chat et à la souris avec les forces de l'ordre, particulièrement dans le quartier étudiant de la Krutenau. Des vitrines de banques ont été brisées, comme au moins une dizaine d'abribus.

À Besançon, des heurts ont opposé environ 150 manifestants à la police. La préfecture a rendu "hommage aux cadres syndicaux qui se sont interposés pour empêcher" que les manifestants mettent le feu à la porte de la préfecture. À Nancy, les forces de l'ordre ont tiré des gaz lacrymogènes en direction des manifestants sur la place Stanislas, la principale esplanade de la ville.

Hugues Garnier avec AFP