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Réforme des retraites: à quoi s'attendre le samedi 11 février?

Après trois journées de mobilisation marquées par des grèves dans plusieurs secteurs, les organisations syndicales privilégient des manifestations de grande ampleur ce samedi avant de probablement durcir le mouvement via des grèves reconductibles.

Le "calme" avant la tempête? Hier avait lieu la troisième journée de mobilisation contre la réforme des retraites du gouvernement, la première en période de vacances scolaires. De nouvelles circonstances qui expliquent en partie les taux de grévistes plus faibles observés dans la plupart des secteurs d'activité mobilisés. L'ampleur des grèves devrait être encore plus réduite à l'occasion de la quatrième journée de mobilisation qui a lieu ce samedi, en plein week-end de premier chassé-croisé des vacanciers.

Pour l'intersyndicale, il s'agit cette fois de donner la possibilité aux salariés et autres publics n'étant pas en mesure de faire grève en semaine de se joindre à la mobilisation. Hier, l'union intersyndicale a publié un communiqué dans lequel elle donne le ton pour la journée de samedi: "L'intersyndicale appelle toute la population à manifester encore plus massivement le samedi 11 février sur l'ensemble du territoire pour dire non à cette réforme."

"D'ici là, elle invite à interpeller les députés et sénateurs et à multiplier les actions, initiatives, réunions ou assemblées générales partout sur le territoire, dans les entreprises et services, dans les lieux d'étude, y compris par la grève."

La RATP, rare terrain de grève?

Après le succès de la seconde journée de mobilisation du mardi 31 janvier, l'intersyndicale avait annoncé le soir-même les dates des 7 et 11 février comme prochaines échéances. Il s'agissait alors de maintenir et même de renforcer la mobilisation tout en l'accompagnant de grèves dans le plus grand nombre de secteurs d'activités. Progressivement, plusieurs organisations ont décidé d'appeler uniquement à prendre part aux nombreux cortèges le samedi 11 et de concentrer les grèves sur la journée du 7 février. Côté SNCF, c'était le cas de la CFDT et de l'UNSA.

"L’intérêt, c’est qu’il y ait du monde à cette manifestation donc on n'appellera pas à la grève, expliquait sur l'antenne de BFMTV Fabien Villedieu, délégué syndical SUD-Rail. On veut qu’il y ait un raz de marée samedi 11 en manifestation et pour ça, on sait qu’il y a des histoires de galère de train."

Les autres principaux syndicats des cheminots, la CGT et SUD-Rail, ont quant à eux décidé de compenser cette absence de grèves le 11 par des opérations le mercredi 8 février. Tout comme la CGT-FNME (Fédération nationale des mines et de l'énergie) et la FNIC-CGT (Fédération nationale des industries chimiques) dans le secteur de l'énergie.

Dès lors, la RATP reste la seule zone d'ombre en vue de la journée de samedi. A l'heure actuelle, aucune des organisations syndicales n'a formellement indiqué qu'elle renonçait à la grève le 11 février au profit d'une manifestation encore plus large. "Pour le 11, le but est qu’il y ait un maximum de monde, que l’ensemble du secteur et ceux qui ne peuvent pas se mobiliser en semaine aient une porte pour le faire", déclarait cependant Cémil Kaygiziz, secrétaire général de la CGT RATP-Bus sur BFMTV la semaine dernière. En cas de perturbations à prévoir, l'entreprise devrait communiquer ses prévisions de trafic demain en fin d'après-midi.

Retour en force dès le 16 février ou après les vacances?

En adoptant cet angle d'attaque pour la journée de samedi, les syndicats souhaitent conserver les faveurs de l'opinion publique en évitant de pénaliser les Français des zones A et B qui partent en vacances. Par ailleurs, si les mobilisations de fin de semaine sont propices à attirer des typologies supplémentaires de manifestants, elles restent organisées sur des journées habituellement dédiées au repos des travailleurs.

Pour l'intersyndicale, il s'agit donc de maintenir une adhésion massive à la contestation alors qu'un premier ralentissement a été observé hier par rapport aux journées des 19 et 31 janvier. En ce sens, elle se projette déjà sur la semaine suivante et vient d'indiquer que le jeudi 16 février serait le théâtre de la cinquième journée de mobilisation contre la réforme des retraites du gouvernement.

"Il faudra d'autres manifs mais pour nous, c'est clair, la suite ce sera la grève reconductible, autour du 8 mars", insiste Simon Duteuil du syndicat Solidaires.

Cependant, les organisations syndicales semblent même voir à plus long terme dans un contexte de vacances scolaires qui devrait quoi qu'il arrive empêcher d'exploiter le plein potentiel de la grogne sociale. D'après les informations de RMC, l'intersyndicale va se réunir prochainement pour décider d'une date pour entamer des grèves reconductibles. Elle pourrait opter pour le mercredi 8 mars, journée des droits des femmes à la portée symbolique puisque celles-ci figurent parmi les principales victimes de la réforme des retraites aux yeux de ses opposants.

Timothée Talbi