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Après le 49.3 sur les retraites, les syndicats rappellent avoir alerté du risque de radicalisation

Les représentants des syndicats à Paris le 11 mars

Les représentants des syndicats à Paris le 11 mars - AFP

Plusieurs syndicalistes ont affirmé vendredi sur BFMTV ne pas être étonnés par la colère qui marque les actions contre la réforme des retraites depuis jeudi. Les syndicats appellent à des rassemblements de proximité ce week-end.

Blocage d'universités, du périphérique parisien, de gares, manifestations... Depuis jeudi, les actions de contestation se multiplient à travers la France contre le 49.3 utilisé par le gouvernement pour faire passer sa réforme des retraites sans vote des députés, sauf motion de censure adoptée.

Dans une note révélée par BFMTV mardi, le renseignement territorial jugeait qu'une éventuelle utilisation du 49.3 était susceptible de "contribuer à revivifier la contestation et potentiellement sa radicalisation".

Les syndicats avaient prévenu

Les syndicats avaient d'ailleurs fait le même avertissement. Le patron de la CGT, Philippe Martinez, affirmait par exemple mardi que "la colère monte, et quand il y a beaucoup de colère, il peut y avoir des choses qui ne sont pas acceptables".

"Il ne faudra pas venir nous dire: 'mais qu'est-ce que vous faites, vous ne tenez plus vos troupes'", avait-il ajouté, prévenant que la situation était "explosive".

Thomas Vacheron, membre de la direction confédérale de la CGT, ne semble de fait pas étonné des mouvements qui émergent depuis jeudi: "nous avons alerté moult fois", a déclaré le syndicaliste sur BFMTV ce vendredi, décrivant des "cris de colère extrêmement puissants dans le pays".

"Il ne faut pas s'étonner"

Dans ce contexte, les syndicats ne veulent pas rester en marge avant jeudi prochain et la neuvième journée de mobilisation contre la réforme des retraites décrétée par l'intersyndicale après l'annonce du 49.3. "L'entièreté des organisations syndicales appelle à des rassemblements syndicaux et de proximité tout le week-end", a souligné Thomas Vacheron. La CGT a aussi appelé à "amplifier" le mouvement.

Si Pascal Lagrue, secrétaire général de Force ouvrière Rhône, affirme ne pas "cautionner" la violence qui a pu émailler certaines actions, à Marseille et à Nantes notamment, il estime que "lorsqu'on suscite le chaos ou le trouble, il ne faut pas s'étonner, à un moment donné, d'en subir les conséquences" et dénonce le "déni démocratique" opéré par le gouvernement.

Arnaud Marcinkiewicz, de la CGT cheminots, observe une "réaction émotionnelle et sociale par rapport à la brutalité du gouvernement": "ce 49.3, on le prend pour nous, il va au-delà du Parlement. C'est à tous les travailleurs et les travailleuses qu'on l'impose", a-t-il dit ce vendredi sur BFMTV.

"Il est normal qu'il y ait des réactions face à cette brutalité", a-t-il ajouté.

Un appel à "durcir" le mouvement

D'autres appellent aussi à "durcir" le mouvement de protestation contre la réforme des retraites. Baptiste Talbot, coordinateur de la CGT Fonction publique, estime ainsi sur BFMTV que les actions qui se multiplient sont "une excellente nouvelle":

"Il n'y a pas d'autre solution, aujourd'hui, que de durcir le mouvement de manière pacifique, parce que c'est la seule manière de faire plier Emmanuel Macron et de l'obliger à retirer son projet de retraites à 64 ans".

"On va laisser libre cours à la créativité des travailleurs sur les lieux de travail et on va faire en sorte qu'ils se retrouvent le plus souvent possible, à la fois pendant les manifestations interprofessionnelles à l'appel de l'intersyndicale mais [aussi] entre", explique de son côté Olivier Mateu, secrétaire général de la CGT des Bouches-du-Rhône.

L'objectif: "peser le plus fortement possible sur l'économie".

"Ne croyez pas qu'on va se laisser faire à coups de matraque et de 49.3", prévient aussi Mateu.

Sophie Cazaux