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Les caisses de grève en ligne enregistrent des montants de dons records

Deux caisses de solidarité créées par la CGT cumulent 2,7 millions d'euros de dons depuis le début de la mobilisation contre la réforme des retraites. Des centaines de caisses en ligne ont fleuri depuis janvier.

2,32 millions d'euros. C'est le montant record atteint par la caisse de grève de la CGT Info'Com à l'occasion de la collecte 2023. Le syndicat qui représente les salariés de l'information et de la communication enregistre des dons records depuis quelques jours. Alors que le don le plus important de cette caisse de grève créée en 2016 s'élevait à 5000 euros, en quelques jours il a reçu un chèque de 30.000 euros d'une donatrice puis de 100.000 euros de la part d'un syndicat.

Interrogé par Le Parisien, le coordinateur de cette caisse de solidarité indique avoir déjà reçu plus de 25.300 contributions depuis le début du mouvement, soit 300 par jour en moyenne.

"Les dons ont explosé depuis le 49.3, indique Romain Altmann de la CGT Info'Com dans le quotidien. Et plus le gouvernement parle, plus ça monte. Encore plus avec l'intervention de Macron. Depuis trois ou quatre jours, on est à 150.000 euros par jour."

Du côte de la confédération, on se réjouit aussi de montants records récoltés. La cagnotte Leetchi de la CGT a franchi ce vendredi la barre de 1,4 million d'euros récoltés pour 18.941 contributions, soit une moyenne de 74 euros par don.

Depuis le début du mouvement, des centaines de collectes ont été créées sur internet par des sections syndicales locales ou des fédérations. Elles sont pour la plupart recensées sur cette carte interactive. Caisse de la CNT-SO (nettoyage et sous-traitance hôtelière), caisse des métiers du livre, caisse des assistants d'éducation d'Ile-de-France... Chaque collecte atteint quelques milliers d'euros voire quelques dizaines de milliers d'euros pour certaines.

Si aucun recensement exhaustif n'a été effectué, leur nombre pourrait flirter avec celui des grèves de 2019 où 380 caisses avaient été dénombrées par le sociologue Gabriel Rosenman, ancien cheminot à SUD-Rail.

Davantage d'argent qu'en 2020

Du fait de la durée du mouvement qui a débuté en janvier, les sommes collectées sont plus importantes que pendant le précédent mouvement. Lors de la précédente contestation, la CGT avait collecté plus d'un million d'euros en seulement trois semaines. Au total, les sommes cumulées des différentes caisses avaient atteint les 2,5 millions d'euros en janvier 2020 selon le décompte du site Basta. Cette année, les deux seules caisses de la CGT et de la CGT Info'Com cumulent 2,7 millions d'euros. Pour un conflit qui dure depuis plus de huit semaines.

Des sommes qui vont permettre d'atténuer les pertes de pouvoir d'achat des grévistes donc certains en sont déjà à neuf journées avant même la 10ème journée prévue ce 28 mars. Pour un employé du secteur privé, le manque à gagner s'élève en moyenne à 79 euros par jour (11,3 euros net de l'heure selon l'Insee), pour un ouvrier c'est 83 euros et pour un cadre 193 euros.

Si ces caisses de grève participatives se sont multipliées avec internet, elles ne représentent toutefois qu'une petite partie des fonds dont disposent les syndicats pour soutenir le mouvement. Certains prélèvent ainsi une partie des cotisations de leurs adhérents pour abonder un fonds qui est utilisé pour soutenir les salariés lors des mouvements.

La plus importante est la Caisse nationale d'action syndicale (CNDS) créée en 1973 par la CFDT au niveau confédéral. Un demi-siècle après sa création, le premier syndicat de salariés du privé dispose ainsi d'un trésor de guerre de 141 millions d’euros qui sert à financer les jours de grève de ses adhérents. Pour en bénéficier, il faut avoir cotisé depuis plus de 6 mois à la CFDT. Mais même ses salariés ne sont pas entièrement couverts puisque l'indemnisation se monte à 7,70 euros net de l'heure, alors que le Smic net horaire s'élève à environ 9 euros de l'heure.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco