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L’apprentissage permet-il toujours d’accéder plus facilement à l’emploi?

Douze mois après avoir terminé leur cursus, 70% des jeunes en alternance étaient en emploi l'année dernière. En 2020, ce taux d'insertion professionnelle s'élevait à 65%. La montée en puissance de l'apprentissage grâce aux aides accordées aux employeurs n'a donc pas nui à l'insertion des jeunes formés en alternance.

D’année en année, le nombre de jeunes qui passent par l’alternance pour se former ne cesse de croître. En 2022, le nombre de contrats signés dans le privé et le public a encore progressé (+13,7%) pour atteindre un nouveau record, à plus de 837.000. Fin décembre 2022, la France comptait ainsi pas loin d’un million (979.500) de jeunes en apprentissage selon le décompte de la Dares.

Cette montée en puissance a été défendue bec et ongles par Elisabeth Borne, aussi bien lorsqu’elle était ministre du Travail que depuis sa nomination à Matignon. Non sans susciter des critiques liés à l’effet d’aubaine pour les entreprises: en continuant à offrir aux employeurs une aide exceptionnelle à l’embauche d’apprentis, le gouvernement ne prend-il pas pris le risque de favoriser les jeunes qui veulent être formés au détriment de ceux qui ont terminé leur cursus? En clair, les employeurs privilégieraient à l’embauche de jeunes fraîchement diplômés, cette main-d’œuvre peu onéreuse -si on inclut l’aide d’Etat.

Même sans avoir décroché leur diplôme, la majorité des apprentis trouvent du travail

Pour le moment, les chiffres ne le montrent pas. Au contraire. Les dernières données publiées par la Dares portant sur les jeunes ayant terminé leur cursus (du CAP au BTS) en 2021 font apparaître que le niveau d’insertion professionnelle n’a cessé de croître depuis 2019. Dans les douze mois qui ont suivi l’obtention de leur diplôme, 75% des jeunes apprentis avaient décroché un emploi.

Même en intégrant les non-diplômés, le taux reste élevé: 70% contre 65% en 2020, pour les jeunes ayant terminé leur cursus en 2019. Car près des deux-tiers (63%) de ceux qui n'ont pas décroché le diplôme espéré à l'issue de leur contrat parviennent néanmoins à s’insérer dans le monde du travail dans l'année qui suit leur échec.

Une insertion bien plus forte qu'avec le cursus scolaire classique

Mais pour se faire une idée de l’importance de ce taux d’insertion professionnelle, on peut le comparer à celui qui prévaut chez les jeunes ayant opté pour l’enseignement professionnel sous statut scolaire. Selon les dernières données de la Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance au ministère de l’Education nationale, il s’élevait en 2022 à 41%, en hausse également, puisqu’il se limitait à 37% un an plus tôt. Les dernières statistiques montrent par ailleurs de fortes variations selon le diplôme obtenu.

Le magazine L’Etudiant relevait en janvier dernier que le taux d’emploi six mois après la fin de leurs études s’élevait à 28% pour les diplômés d’un CAP, à 40% avec un bac Pro et 56% avec un BTS. Un niveau amplement inférieur à celui qu’affiche la formation en alternance: 65% pour les CAP, 70% pour les Bac Pro et 75% pour le BTS.

Avec néanmoins un bémol sur lequel insistent les contempteurs de l’apprentissage: le nombre important de ruptures prématurées de contrat parmi les jeunes apprentis. Un chiffre qui n’est plus communiqué depuis 2019. À l’époque, il s’élevait à un peu plus de 31%.

Pierre Kupferman
https://twitter.com/PierreKupferman Pierre Kupferman Rédacteur en chef BFM Éco