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Intéressement et participation ont battu un record en 2018

Le Smic est actuellement indexé sur l'inflation pour les ménages aux revenus les plus faibles et sur la moitié du gain de pouvoir d'achat du salaire horaire de base des ouvriers et employés. (Photo d'illustration)

Le Smic est actuellement indexé sur l'inflation pour les ménages aux revenus les plus faibles et sur la moitié du gain de pouvoir d'achat du salaire horaire de base des ouvriers et employés. (Photo d'illustration) - Philippe Huguen - AFP

L'épargne salariale a progressé en 2018 pour atteindre près de 19 milliards d'euros. Les salariés ont par ailleurs moins retiré d'argent de ces comptes d'épargne que les années précédentes. Mais la prime Macron va-t-elle réduire la participation en 2019?

Les entreprises ont été plus généreuses avec leurs salariés en 2018. L'épargne salariale versée sur les différents types de placements existants (plan d'épargne entreprise, épargne retraite...) a atteint l'année dernière un montant de 15,2 milliards d'euros. En hausse de 800 millions d'euros par rapport à 2017. Et si on ajoute les paiements immédiats versés aux salariés (estimés à 3,6 milliards d'euros par CM CIC Epargne Salariale) on atteint le montant record de 18,8 milliards d'euros en faveur des salariés français en 2018.

Il y a quatre types de versements sur les comptes d'épargne salariale: l'intéressement qui est lié à l'objectif fixé par l'entreprise, la participation qui est liée au résultat et qui est obligatoire dans les entreprises de plus de 50 salariés mais aussi l'abondement qui est une sorte de bonus accordé au salarié qui verse de lui-même une somme sur son plan d'épargne entreprise ou son plan d'épargne retraite. Enfin, il y a les versements volontaires des salariés eux-mêmes. Et en 2018, ces quatre types de versements ont progressé. 

"Les entreprises ont réalisé de meilleurs résultats l'année dernière, explique- Rémi Boeglin, le directeur général de CM CIC Epargne Salariale. Et surtout les salariés se rendent compte que l'épargne salariale constitue un placement intéressant pour eux."

En effet, les salariés ont effectué 10% de versements volontaires en plus sur leurs comptes épargnes entreprises en 2018. Ils ont aussi moins retiré d'argent par rapport à 2017 (13,7 milliards d'euros, en baisse de 12%). Résultat: la collecte nette a atteint 1,5 milliard d'euros. Un record depuis 2011.

Cela confirme l'appétit des Français pour ce type de placement. "En 2017, le marché boursier était très positif, les épargnants ont retiré leur argent pour faire des plus-values, estime Rémi Boeglin. Et le marché immobilier était très porteur." L'acquisition de la résidence principale constitue en effet le deuxième motif de déblocage de l'épargne salariale après la cessation du contrat de travail.

La prime "Macron" va-t-elle réduire la participation?

Mais cette bonne dynamique va-t-elle se retourner en 2019? Les mesures de pouvoir d'achat mises en place par le gouvernement comme la prime défiscalisée annoncée par Emmanuel Macron en décembre dernier ne vont-elles pas rogner intéressement et participation versés par les entreprises cette année?

"La prime Macron a eu un effet légèrement négatif en fin d'année dernière sur l'abondement des entreprises, a pu constater Rémi Boeglin. La collecte a été un peu moins dynamique. Mais de nouvelles mesures qui sont entrées en vigueur en début d'année sont favorables à l'épargne salariale."

Dans le cadre de la loi PACTE, l'abondement et la participation sont désormais défiscalisés pour les entreprises de moins de 50 salariés et l'intéressement pour les entreprises de moins de 250 salariés. Auparavant, il y avait un forfait social de 20%. Le but est d'encourager les petites entreprises à mettre en place ces dispositif de rémunération.

Car si l'épargne salariale a atteint des records l'année dernière, c'est principalement grâce aux grandes entreprises. Les grande majorité des salariés des petites entreprises n'en bénéficient pas. Seules 12,5% des entreprises de moins de 10 salariés ont des comptes d'épargne salariale et seulement 20% des entreprises de moins de 50 salariés contre 92% pour les groupes de plus de 1000 salariés.

"Les mesures prises en 2019 vont avoir un effet positif, assure Rémi Boeglin. Nous voyons beaucoup de petites entreprises venir ouvrir des comptes. Mais c'est à nous d'aller les voir pour leur expliquer. Dans les petites structures, il n'y a pas de service RH, c'est le chef d'entreprise qui s'occupe de tout et il n'a pas le temps de se tenir au courant." 
Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco