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Ces signaux faibles qui font craindre une crise sociale à la rentrée

Selon Vincent Balouet, expert en anticipation de risques pour les entreprises, il ya un "faisceau de présomption préoccupant". Avec des syndicats dont l'arme favorite -la grève dans les transports- sera inopérante.

Vincent Balouet est expert en anticipation de crises. Chaque matin, cet ancien chargé de mission au Medef et à la Fédération française des assurances, envoie à ses clients – plusieurs grands groupes- un "JT" dans lequel il pointe du doigt les signaux plus ou moins faibles susceptibles d’avoir un impact à terme sur la bonne marche des entreprises. Tous les risques systémiques sont passés au crible.

En 2020, l’essentiel des 237 vidéos de maitrisesdescrises.com ont tourné autour de la crise sanitaire. Mais désormais, Vincent Balouet alerte ses clients d’un risque d’une autre nature. Comme une large majorité de Français, il redoute une mobilisation de ceux qui ont payé le plus lourd tribut dans cette crise. "On va vers une rentrée sociale compliqué. Avec un faisceau de présomption préoccupant" prévient-il.

"La crise Covid a amplifié les inégalités. Il y a une fatigue générale chez les salariés, liée au télétravail et aux conditions dans lesquels il s’exerce. Beaucoup de gens en ont assez, les arrêts maladies se multiplient, les burn out aussi. Les plus précaires craignent pour leur emploi. Le sujet Gilets jaunes n’est pas non plus soldé. L’origine de la colère –la hausse du prix des carburants- peut ressurgir avec un cours du pétrole qui progresse."

Une grève dans les transports publics? Peu probable

Même cause, même effets ? Pas tout à fait. Vincent Balouet relève, à juste titre, que la montée en puissance du télétravail a changé la donne: "Une réédition de la grève de 1995, c’est complètement impossible. A l’époque, il y avait la Poste, la RATP, la SNCF… Aujourd’hui, les syndicats contestataires savent que l’arme de la grève dans les transports publics n’est plus en mesure de perturber en profondeur l’économie. Ils peuvent donc être tentés de suivre le modèle ébauché par les gilets jaunes: blocage de route, coupure d’électricité, de réseaux télécoms, de datas centers."

Ses clients prennent en compte ce risque. A l’en croire, les cuves destinées à alimenter les groupes électrogènes ne sont plus jamais laissées à moitié vide. De même qu'il n'est pas question de "démonter les infrastructures mises en place" pour organiser le télétravail version XXL. Cette formule répond à des moments spécifiques qui peuvent se reproduire. "Pas seulement une hypothétique grève des transports, mais un épisode neigeux ou la Seine qui déborde".

Pierre Kupferman
https://twitter.com/PierreKupferman Pierre Kupferman Rédacteur en chef BFM Éco