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Retraites: l'intersyndicale appelle à un "raz-de-marée populaire" le 1er mai

"Provocation", "huile sur le feu", "incompréhension", l'intersyndicale ne décolère pas depuis la validation par le Conseil constitutionnel et la promulgation de la loi par Emmanuel Macron en pleine nuit. Elle appelle à un "raz-de-marée populaire" le 1er mai.

La réforme est passée, les difficultés demeurent: au lendemain de la validation de l'essentiel de la réforme des retraites par le Conseil constitutionnel, et sa promulgation express par Emmanuel Macron, l'intersyndicale ne baisse pas les bras. Elle compte peser sur les décrets d'application et promet que le 1er mai, jour de la fête du travail, sera une journée de mobilisation exceptionnelle. L'intersyndicale appelle à un "raz-de-marée populaire" le 1er mai.

La rencontre proposée par Emmanuel Macron aux syndicats pour mardi devra sans doute attendre: l'intersyndicale n'entend pas se rendre à l'Élysée avant le 1er mai, traditionnel rendez-vous social qu'elle souhaite transformer en "journée de mobilisation exceptionnelle et populaire" contre le coeur de la réforme validée par le Conseil constitutionnel: la retraite à 64 ans.

"Ce n'est pas fini", a tonné l'intersyndicale, unie depuis trois mois contre cette réforme. Renouer avec elle ne sera pas chose aisée. "Il y aura du ressentiment, des cicatrices", glisse un proche du chef de l'État.

Une "provocation"

Samedi, sur BFMTV, Cyril Chabannier, président de la CFTC, rejette clairement et fermement la possibilité d'une rencontre avec le chef de l'Etat.

"Venir mardi pour tourner la page, c'est impossible", a déclaré Cyril Chabannier, président de la CFTC.

Ce responsable rappelle que l'intersyndicale demandait que la loi ne soit pas promulguée en "urgence".

"Au lieu de ça, il l'a promulgue à 4 heures du matin. (...) "C'est une fois de plus un signe de provocation", regrette Cyril Chabannier.

"On avait un exécutif à tendance pyromane... Désormais il semble prendre plaisir à jeter de l'huile sur le feu. Rien de bon ne sortira de tout ça. Ce n'est pas fini, le combat pour les retraites et la justice sociale continue!", a réagi sur Twitter le secrétaire général de l'Unsa, Laurent Escure.

Le secrétaire national de la CFDT Yvan Ricordeau a fait part de son côté de son "incompréhension" face à ce "passage en force".

"La CFDT confirme, comme l'ensemble des organisations syndicales, que nous n'irons pas mardi à l'Élysée. Il y a une promulgation dans la nuit et on a reçu l'invitation à 23H hier officiellement", a-t-il dit, qualifiant sur RMC la réunion de travail proposée par le président de la République vendredi de "sans méthode, sans objet, sans contenu". "C'est de l'affichage", a-t-il souligné.

Pour la première fois dans notre histoire, une loi est promulguée la nuit. En catimini. Que de peur et de fébrilité chez l'exécutif. Nous continuons à nous battre contre cette loi retraites injuste, brutale et injustifiée. Nous allons construire un raz de marée social ", a tweeté Simon Duteil, codélégué de Solidaires.

"C'est pas une surprise, mais vouloir aller vite, ça ressemble à de la provocation", a renchéri Frédéric Souillot, secrétaire général de Force ouvrière, sur France 2. "Il ferait mieux de dormir parfois le président de la République plutôt qu'à 4H00 du matin promulguer cette loi".

Élisabeth Borne s'exprimera samedi après-midi

Le président disposait de quinze jours après la validation de la plupart des mesures de la réforme par le Conseil constitutionnel pour apposer sa signature et lui donner ainsi son caractère exécutoire.

Le mouvement social, l'un des plus importants des dernières décennies, a débuté après la présentation de la réforme le 10 janvier et a donné lieu à des manifestations massives, alors que le texte était examiné au Parlement dans une ambiance très tendue entre gouvernement et oppositions.

Fragilisée depuis l'adoption de la réforme par 49.3 à l'Assemblée, Élisabeth Borne s'exprimera samedi après-midi, à l'occasion du Conseil national du parti présidentiel Renaissance à Paris.

Le Conseil constitutionnel statuera le 3 mai sur le deuxième projet de référendum d'initiative partagée (RIP) visant à contrecarrer la réforme, après le rejet vendredi de la première tentative portée par les parlementaires de gauche.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco