BFM Business
Economie et Social

Pourquoi les Belges se ruent dans les supermarchés français

Au premier trimestre 2023, les achats des Belges dans les enseignes de distribution françaises ont ainsi augmenté de 70% par rapport à la même période en 2022. Les industriels belges appellent à un "sursaut patriotique".

Il est plus que jamais commun de croiser des chalands belges dans les supermarchés de Maubeuge, Villeneuve-d’Ascq ou autres communes transfrontalières françaises. Les courses effectuées à l'étranger par les habitants du Royaume ont atteint un niveau record en 2023 selon la RTBF. La France reste la destination favorite.

Si la tendance n'est pas nouvelle, elle s'est accélérée depuis le début de l'année, en raison d'une inflation alimentaire conséquente outre-Quiévrain. Au premier trimestre 2023, les achats des Belges dans les supermarchés français ont ainsi augmenté de 70% par rapport à la même période en 2022 rapporte l'hebdomadaire Le Vif.

Une différence notable

Avec un chariot de course hebdomadaire 9% moins chère en moyenne, 19% si l'on se concentre sur les grandes marques, les enseignes de distributions françaises apparaissent attractives pour nos voisins. Mais comment expliquer cette différence de prix?

Les négociations annuelles entre fournisseurs et distributeurs ont contribué à modérer la hausse des prix en France. La suite de l'explication tient dans les disparités de coûts auxquelles les enseignes sont confrontés selon qu'ils opèrent en Belgique ou en France. Les mesures prises par le gouvernement français pour contenir les prix de l'énergie ont eu un effet indéniable.

Les salaires sont aussi plus élevés outre-Quiévrain en raison d'un mécanisme d'indexation sur l'inflation. Si la mesure favorise les travailleurs du pays plat - les salaires réels ont progressé de 2,9% au premier semestre en Belgique quand ceux des employés hexagonaux se contractaient de 1,8% -, elle contraint les grandes surfaces à répercuter cette hausse. Ou à rogner sur leurs marges.

Réponse politique espérée

La RTBF relève néanmoins que la différence se concentre essentiellement sur les boissons, en raison de taxes qui n'existent pas dans l'Hexagone. "Ces boissons sont vraiment un produit d’appel dans les supermarchés à l’étranger. Donc en fait, le consommateur belge traverse la frontière pour remplir son coffre de boissons et puis en profite pour acheter d’autres produits", déplore Carole Dembour, économiste à la Fédération de l’Industrie agroalimentaire belge (Fevia).

Face à cette situation, les industriels invitent les consommateurs belges à un sursaut patriotique. Mais c'est surtout auprès des autorités politiques qu'une réponse est espérée.

Théodore Laurent