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Qui sont les deux favorites pour remplacer Philippe Martinez à la tête de la CGT?

Le 53ème congrès de la CGT s'ouvre ce lundi. Au menu: la succession de Philippe Martinez, son secrétaire général, qui laisse sa place après 8 ans de service. Qui pour le remplacer?

Le 53ème congrès de la CGT s’ouvre aujourd'hui à Clermont-Ferrand, il va durer cinq jours et marque la fin des 8 ans de règne de Philippe Martinez à la tête de la centrale.

Omniprésent dans la rue et sur nos écrans depuis le début de la bataille syndicale contre la réforme des retraites, le patron cégétiste sera, cette semaine, poussé au second plan par son remplaçant. Qui sera-t-il ? Ou plutôt qui sera-t-elle ? Car pour la première fois, la CGT devrait être dirigée par une femme.

Marie Buisson adoubée par le patron

A la CGT, tout est très cadré et la règle veut que l’on ne se porte pas candidat soi-même.

Ainsi Marie Buisson n’a-t-elle pas annoncé son intention de remplacer Philippe Martinez mais c’est bien l’inverse qui s’est produit lorsque l’actuel leader a soutenu sa candidature l'année dernière, candidature par la suite approuvée par la direction nationale de la CGT.

Appuyée donc par l’actuel secrétaire général, ce dernier disait encore il y a quelques jours sur BFMTV : "Je pense et je suis certain que Marie Buisson incarne le mieux cette CGT qui doit évoluer, d'autres pensent qu'il faut que la CGT revienne 30 ans ou 40 ans en arrière, c'est ça un débat d'orientations, ce n'est pas un débat de chefs."

Qui est Marie Buisson? Née en 1968, elle enchaîne les emplois "précaires" dans sa jeunesse avant de passer le concours pour devenir professeure de lycée professionnel et d’entrer simultanément à la CGT au début des années 2000. Elle est à la tête de la petite Fédération de l’éducation, de la recherche et de la culture (Ferc) depuis 2017.

Ecologiste, elle s’occupe des problématiques environnementales et représente la CGT au sein du collectif “Plus jamais ça” qui, depuis 2020, réunit associations et syndicats dans le but de pousser le gouvernement à répondre à “l’urgence sociale et environnementale” à laquelle font face la France et le monde.

Ses prises de position écologistes n’emballeraient pas, entre autres, la branche énergie de la CGT tandis que sa “discrétion”, pour certains, ne passe pas non plus inaperçue.

Pour les cégétistes hésitants, il existe une alternative: Céline Verzeletti. Plusieurs fédérations envisagent de porter sa candidature.

Céline Verzeletti, la candidate non officielle

"Le nom de Céline Verzeletti a été proposé lors de nos réunions. Elle semble réunir les conditions d'un large accord, d'un rassemblement de l'ensemble des organisations de la CGT, et la possibilité d'un travail collectif au sein d'un Bureau confédéral solide et d'une Commission exécutive confédérale élargie, construits collectivement", peut-on lire dans le "relevé de discussions" d'une réunion qui a eu lieu le 1er mars entre différentes fédérations selon l’AFP.

A 54 ans, Céline Verzeletti, qui a travaillé comme surveillante de prison et dont le père cheminot était également militant CGT, est aujourd'hui co-secrétaire générale de l'Union fédérale des syndicats de l'Etat (UFSE) et membre du bureau confédéral de la CGT.

Si elle ne s'est pas officiellement portée candidate à la tête de la centrale, elle a récemment admis dans le média AEF que "des organisations pensent que je permettrais un meilleur rassemblement" que Marie Buisson. Elle évite soigneusement d'exprimer sa propre volonté et met en avant, à la place, celle de certaines fédérations de la CGT.

Céline Verzeletti a également dit à l'AFP vouloir "que les syndicats se réapproprient cette organisation". "On a besoin de changer les modes de fonctionnement, que le secrétaire général n'ait pas autant de pouvoir, dépersonnaliser les choses (...) Si je peux servir à une espèce de transition qui aura permis de rassembler les uns et les autres, c'est très bien".

Olivier Mateu, la candidature impossible?

À 48 ans, Olivier Mateu assure même vouloir succéder à Philippe Martinez à la tête du syndicat. Quand bien même sa candidature serait a priori non conforme aux statuts. Et de balayer l'argument qui se dessine en interne pour une candidature féminine: "Une femme oui, mais il faut des contenus".

Grande gueule assumée, Olivier Mateu est le tenant d'une ligne dure, d'une CGT qui "ne s'excuse pas", comme lorsqu'il appelle à la pénurie de carburant dans son département des Bouches-du-Rhône, pour bloquer la réforme des retraites. Ou quand il répète qu'il ne soutient "ni Poutine, ni Zelensky".

Secrétaire départemental de la CGT 13, ce sapeur-forestier de profession refuse un syndicalisme "engoncé": "Si vous voulez qu'on fasse venir des jeunes, des femmes, des hommes, il faut retrouver une CGT à l'offensive, une CGT qui s'assume, qui ne s'excuse pas quand elle passe à la télévision, ferme sur ses revendications", expliquait Olivier Mateu à l'AFP, lors de la septième journée de mobilisation contre la retraite à 64 ans.

Si les candidats soutenus par le leader en place sont considérés comme favoris, les tensions et contestations internes pourraient-elles changer la donne?

Olivia Bugault avec l'AFP