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Royaume-Uni : le gouvernement devra concéder des coupes budgétaires massives pour financer son "plan de croissance"

Le centre de réflexion Institute for Fiscal Studies estime qu'un resseremment budgétaire de plusieurs dizaines de milliards de livres sera nécessaire pour conduire le "plan de croissance" qui avait semé la panique sur les marchés lors de son annonce fin septembre.

Avec une économie britannique au ralenti, remettre les finances publiques sur une trajectoire durable sans revenir sur les baisses d'impôts massives promises par Londres risque de se traduire par des coupes franches dans les dépenses de l'Etat, avertit mardi un institut spécialisé.

Le ministre des Finances britannique Kwasi Kwarteng détaillera ses prévisions budgétaires le 31 octobre, alors que l'annonce le mois dernier d'un "plan de croissance" massif et non chiffré avait créé la panique sur les marchés. Le détail du financement des mesures, prévu par l'emprunt public, est très attendu. Les craintes montent notamment sur de possibles mesures d'austérité qui viendraient tailler dans les services publics, une idée jusqu'ici écartée par le gouvernement de la Première ministre Liz Truss.

Mais l'emprunt public "devrait atteindre cette année près de 200 milliards de livres, son troisième plus haut sommet depuis la guerre, en dessous seulement des pics associés au Covid et à la crise financière", et restera très élevé au-delà, prévoit le centre de réflexion Institute for Fiscal Studies (IFS) dans un communiqué.

Un resserremment budgétaire de 100 milliards de livres sur cinq ans

Pour stabiliser la dette en termes de pourcentage du PIB d'ici 2026-2027, le gouvernement "devrait annoncer un resserrement budgétaire de plus de 60 milliards de livres", selon l'IFS, avec à la clé des choix difficiles, comme des réductions de certaines allocations, des dépenses d'investissement en baisse, ou des coupes dans les dépenses de fonctionnement des services publics.

L'IFS note les "énormes incertitudes quant à l'ampleur exacte de l'action politique nécessaire", mais même si la croissance est dopée par les baisses d'impôts, comme l'espère le gouvernement, "un resserrement d'environ 40 milliards de livres sterling serait encore nécessaire d'ici 2026-2027", selon l'étude.

Rassurer les marchés après la panique fin septembre

L'IFS insiste sur la nécessité d'une "stratégie et d'un plan crédibles pour la viabilité budgétaire", ajoutant que les marchés ne seront pas rassurés par "des plans fondés soit sur une reprise improbable de la croissance, soit sur de vagues promesses de réductions des dépenses publiques dans un avenir lointain".

Le Chancelier de l'Echiquier avait annoncé fin septembre un budget comprenant de vastes aides aux factures énergétiques, face à la crise du coût de la vie, mais aussi d'importantes baisses d'impôts ciblant surtout les ménages les plus aisés.

L'ensemble n'était pas chiffré mais les économistes évaluaient ce paquet de mesures à un montant colossal de 100 à 200 milliards de livres, ce qui avait fait tomber la livre à un plus bas historique et s'envoler les intérêts de la dette publique britannique, forçant la Banque d'Angleterre à intervenir pour calmer les marchés.

TT avec AFP