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Pourquoi le billet de 100 dollars est désormais le plus répandu au monde

Le billet de 100 dollars est le plus répandu dans le monde

Le billet de 100 dollars est le plus répandu dans le monde - MARK WILSON / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Depuis 2017, les billets de 100 dollars sont plus répandus dans le monde que les coupures de 1 dollar. Et 80% d'entre eux circulent en dehors des frontières américaines.

La fin d’un règne. En 2017, le billet de 100 dollars est devenu pour la première fois le plus diffusé dans le monde, relayant la coupure de 1 dollar à la deuxième place, explique une note du Fonds Monétaire International repérée par Les Échos. Plus de 13 milliards de gros billets verts sont aujourd’hui en circulation -un volume qui a plus que doublé depuis 2008- contre un peu plus de 12 milliards pour les coupures de 1 dollar.

"Alors, qu’est-ce qui explique l’essor des Benjamins, comme on les appelle (référence à Benjamin Franklin dont le portrait figure sur le billet de 100 dollars, ndlr), à l’heure où les moyens de paiement dématérialisés augmentent de jour en jour?", s’interroge le FMI. "En cette ère du numérique, les Américains sont-ils nostalgiques des billets verts?", poursuit l’institution internationale.

Pas vraiment, à en croire le FMI. En effet, selon la Réserve fédérale de Chicago, près de 80% des billets de 100 dollars circulent en dehors des frontières américaines. Leur succès tient en effet davantage à la hausse de la demande extérieure survenue après la crise financière de 2008, le dollar étant reconnu comme une valeur refuge.

"La demande de dollars américains à l’étranger est vraisemblablement due à son statut d’actif sûr", confirme Ruth Judson, économiste à la Fed, ajoutant que "la demande de liquidités, en particulier en provenance d'autres pays, augmente en temps de crise politique et financière".

Économie souterraine

D’autres explications sont avancées pour comprendre le succès du billet de 100 dollars. "L’économie clandestine, souterraine, criminelle – tout cela contribue certainement à l’attrait des coupures de grande valeur nominale", souligne Nadim Kyriakos-Saad, du département anti-blanchiment.

Il affirme qu’avec la numérisation croissante des systèmes de paiement, les préoccupations liées à la traçabilité peuvent inciter certains à se tourner vers le cash. Mais pas nécessairement à des fins de blanchiment d’argent ou de corruption. "Il y a un désir persistant d’intimité et d’anonymat qui peut être tout à fait légitime", explique-t-il.

Pour Kenneth Rogoff, professeur d’économie à Harvard et ancien économiste en chef au FMI, détenir des grosses coupures permet également d’échapper à l’administration fiscale et de financer des activités illégales.

"Chaque jour, des appartements et des maisons dans les grandes villes du monde entier sont payés avec des valises remplies de billets, et ce n’est pas parce que les acheteurs ont peur des faillites bancaires", déclare-t-il. D’autant que "la demande souterraine de billets a certainement augmenté en partie parce que les taux d’intérêt et l’inflation sont exceptionnellement bas".

Afin de lutter contre la corruption, certains économistes suggèrent de stopper l’impression des plus grosses coupures aux États-Unis. Mais la Fed rechigne encore. En Europe, la BCE a annoncé en juin l’arrêt de l’impression des billets de 500 euros. La banque centrale indienne a quant à elle engagé la démonétisation des billets de 500 et 1000 roupies dès 2016.

Paul Louis