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Pourquoi la Suisse a fermé définitivement sa première centrale nucléaire

Après 47 ans de fonctionnement, la centrale nucléaire de Mühleberg en Suisse a été déconnectée définitivement le 20 décembre 2019.

Après 47 ans de fonctionnement, la centrale nucléaire de Mühleberg en Suisse a été déconnectée définitivement le 20 décembre 2019. - BKW

Mise en service en 1972, la centrale nucléaire suisse de Mühleberg a été définitivement déconnectée du réseau électrique, plus en raison de la cherté de son entretien que pour des motivations écologiques. Une première en Suisse qui n'a plus que trois centrales nucléaires.

La Suisse a fermé l'une des ses quatre centrales nucléaires, la plus ancienne, mise en service en 1972. Après 47 ans d'activité et après avoir produit 130 milliards de kWh d'électricité, la centrale nucléaire de Mühleberg a été définitivement déconnectée du réseau électrique helvétique.

La déconnexion est intervenue en milieu de journée, hier vendredi 20 décembre, et a été retransmise en direct à la télévision suisse publique SRF. Seule une centrale nucléaire expérimentale et des réacteurs de recherche avaient jusqu'à présent été désaffectés en Suisse.

"Avec l'arrêt de la centrale nucléaire de Mühleberg, on voit les chances que cela donne pour l'énergie hydraulique, l'énergie solaire" a déclaré la ministre helvétique de l'Environnement et de l'Énergie, Simonetta Sommaruga. En 2017, le nucléaire représentait 15% de l'électricité fournie loin derrière les les énergies renouvelables (presque 68%), à raison de 60,5% pour l'hydraulique et de 7,2% environ pour le photovoltaïque, l’énergie éolienne, et la biomasse.

L'arrêt du site motivé par une décision entrepreneuriale

La mise hors service de la centrale, qui avait été décidée quelques mois après que Mühleberg ait reçu une autorisation d'exploitation illimitée au début de 2013, n'est toutefois pas le résultat d'une décision politique motivée par des raisons écologiques.

Fermer la centrale nucléaire de Mühleberg, qui couvrait environ 5% des besoins en électricité du pays, "était une décision entrepreneuriale", a expliqué le groupe helvétique BKW qui exploite la centrale. "Si nous avions voulu continuer d'exploiter notre centrale à long terme, nous aurions dû investir encore beaucoup plus pour répondre aux exigences techniques de l'Inspection fédérale de la sécurité nucléaire (IFSN)", a-t-il détaillé.

Les travaux de démantèlement du site pourront commencer dès le 6 janvier 2020 et les opérations dites de "désaffectation" sont prévues pour durer jusqu'en 2034. "D’après l'étude des coûts datant de 2016, le coût total de la désaffectation et de la gestion des déchets s'élève à 3 milliards de francs (2,76 milliards d'euros, NDLR), dont 80 % sont déjà couverts. Les 20 % restants seront couverts par d'autres contributions aux fonds et par le revenu des investissements jusqu'en 2126" a expliqué le groupe énergétique suisse.

En fermant Mühleberg, la Suisse tourne malgré tout une page du nucléaire. La Suisse compte désormais trois centrales: Gösgen, Leibstadt et Beznau, cette dernière disposant de deux réacteurs. Leur arrêt définitif n'est pas au programme pour le moment. Car si la Suisse, à l'instar de l'Allemagne, a décidé après la catastrophe de Fukushima, en mars 2011, de sortir progressivement du nucléaire, les autorités n'ont pas fourni de date précise pour son abandon.

La sortie progressive du nucléaire votée en mai 2017

Certes, la population suisse a validé par référendum le 21 mai 2017 cette sortie progressive du nucléaire -qui représentait alors environ un tiers de l'approvisionnement électrique national- en votant contre la construction de nouvelles centrales.

Mais quelques mois auparavant, le 27 novembre 2016, ils avaient voté contre une initiative populaire visant à interdire aux centrales suisses de fonctionner au-delà de 45 ans. Les centrales nucléaires existantes peuvent donc continuer à fonctionner tant que leur exploitation est conforme aux normes de sécurité.

Frédéric Bergé avec AFP