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L'administration Trump accuse Amazon d'avoir "détruit le commerce de détail"

Washington reproche à Amazon de nuire à la concurrence, aux services postaux et aux consommateurs

Washington reproche à Amazon de nuire à la concurrence, aux services postaux et aux consommateurs - AFP

Après l'amende record infligée à Facebook, c'est au tour d'Amazon de subir les foudres du gouvernement américain. Le secrétaire d'Etat au commerce l'accuse de nuire aux petits commerçants.

"Si vous regardez Amazon, bien qu'il comporte certains avantages, il a détruit le secteur de la vente au détail [...] et limité la concurrence". Une accusation que l'on a l'habitude d'entendre en Europe, mais cette fois, ce n'est pas Margrethe Vestager, commissaire européenne à la concurrence, qui l'affirme. Cette accusation a été lancée par le secrétaire américain au Trésor, lors d'un entretien donné à CNBC. Ce que reproche avant tout Steven Mnuchin, c'est l'impact du succès d'Amazon sur les ventes des petits commerçants. "Il y a des domaines où [Amazon] a vraiment fait mal aux petites entreprises", relève le secrétaire américain. 

Cette salve est directement liée à la récente offensive de Washington sur les géants de la tech, spécialement Google, Amazon et Facebook, qui sont accusés d'utiliser abusivement des données personnelles des internautes et de nuire à la concurrence du fait de leur puissance. Ce mardi, le ministère de la Justice a annoncé son intention d'ouvrir une vaste enquête sur les méthodes des grandes entreprises technologiques qui dont les pratiques ont "réduit la concurrence, freiné l’innovation et nui aux consommateurs".

La réplique d'Amazon

Le premier a en pâtir a été Facebook qui, ce mercredi, s'est vu infliger une amende record de 5 milliards de dollars pour "pour avoir trompé" ses utilisateurs sur sa capacité à contrôler la confidentialité de leurs informations personnelles. Le réseau social a répondu qu'il acceptait de payer cette amende la plus élevée depuis celle contre Google de 22,5 millions de dollars Federal Trade commission (FTC) pour atteinte à la vie privée de millions d'internautes.

Par contre, Amazon ne compte pas se laisser faire. Répliquant aux attaques de Steven Mnuchin, le groupe de Jeff Bezos a répliqué par un communiqué: "Les petites et moyennes entreprises prospèrent avec Amazon, affirme l'un des porte-parole du groupe, Les vendeurs indépendants représentent plus de 58% des ventes de marchandises sur Amazon. Elles ont augmenté deux fois plus vite que les nôtres, totalisant 160 milliards de dollars en 2018". Et de citer un rapport de l'US Census Bureau, l'Insee américain, indiquant que "la grande majorité des ventes au détail - 90% - se produisent toujours dans des magasins physiques".

Pourquoi tant de haine?

S'il y a des raison objectives liées à la concurrence, à la fiscalité et à la protection des données, comme en Europe, la guerre que livre Donald Trump aux Gafa semble aussi liée à des considérations politiques. D'autant que cette offensive s'amplifie à l'approche des élections présidentielles de 2020. 

Depuis des mois, le président américain les accusent tous d'être des militants anti-conservateurs. Jeff Bezos est haï par l'entourage de Trump depuis le rachat du Washington Post en 2013, un journal que le président américain affirme détester "autant que le New York Times". Le groupe est également accusé de sous-payer les services de livraison de l’US Postal qui expédie 40% de ses colis pour un chiffre d'affaires de 19,5 milliards de dollars et de ne pas assez payer d'impôts.

Le président reproche à Google sa puissance en matière de données privées. Quant à Facebook, il est dans le viseur de Washington depuis Mark Zuckerberg s'oppose à la vision de Trump sur l'immigration. Sans oublier qu'en 2016, la rumeur a couru sur son éventuel candidature à la Maison Blanche. A l'époque Facebook avait démenti, mais désormais, l'administration Trump donne le sentiment de ne plus voir les Gafa comme les bons élèves de l'économie mais comme des enfants terribles qu'il va falloir maîtriser.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco