Guerre en Ukraine: les transferts d'argent vers le pays frappés par des commissions "immorales"

L'association UFC Que Choisir s'indigne de la hauteur des frais de transferts imposés par les banques et les sociétés de transferts de fonds.

Alors que la guerre en Ukraine s'intensifie, la solidarité des Européens ne faiblit pas. Beaucoup donnent des vêtements pour les réfugiés, d'autres, essentiellement la très importante communauté ukrainienne installée en-dehors du pays, envoient de l'argent à des relations encore sur place.

Mais ces transferts d'argent ont un coût élevé, ce qui indigne l'association de défense des consommateurs UFC Que Choisir. Qui interpelle les établissements financiers et les pouvoirs publics sur la "cherté immorale" de ces envois.

En effet, pour un envoi de 180 euros de l’Union européenne vers l’Ukraine, les banques et les sociétés de transfert d’argent prélèvent près de 11 euros, en moyenne, avance l'UFC dont le calcul se base sur une étude publiée vendredi par le Partenariat mondial pour les connaissances sur les migrations et le développement (Knomad). En France, il peut même y avoir jusqu’à 24% de frais pour un envoi vers l’Ukraine.

Des frais en 2020 deux fois supérieurs à l'aide accordée par l'UE

"L’UFC-Que Choisir demande que la présidence française du Conseil de l’Union Européenne se saisisse de l’enjeu des frais de transferts d’argent vers l’Ukraine pour qu’elle obtienne des établissements financiers a minima une baisse rapide des tarifs" peut-on lire dans un communiqué.

Toujours d'après l'étude du Knomad, baisser de deux points de pourcentage ces frais pourrait permettre une économie de 400 millions de dollars (environ 367 millions d'euros) aux personnes envoyant de l'argent en Ukraine. "Si les frais sont supprimés, l'économie pourrait être d'un milliard de dollars par an", soit environ 918 millions d'euros, ajoutent les auteurs.

Or sur la seule année 2020, les frais de transfert d’argent vers l’Ukraine ont atteint plus de 900 millions d’euros, soit près de deux fois le montant de l’aide humanitaire annoncée par la Commission Européenne (500 millions d'euros débloqués ce mardi)...

Certaines banques ont néanmoins renoncé à ces frais élevés à l'image de Bank of Ireland et AIB (Irlande), Caixa Geral de Depósitos et Santander Totta (Portugal), ainsi que de la banque en ligne Revolut.

Des banques très gourmandes

Quasiment rien de tout cela en France à l'exception de Revolut, pointe l'association qui souligne que pour un don de 180 euros, les frais varient en moyenne de 5 euros (en passant par un spécialiste du transfert de fonds comme Western Union) à 30 euros (en passant par une banque).

Et les disparités sont fortes puisque ces frais peuvent se hisser jusqu'à 24% au Crédit Agricole Pyrénées Gascogne par exemple.

La Banque postale a néanmoins annoncé la gratuité pour tous les virements vers l’Ukraine y compris ceux de Western Union jusqu’au 31 mars 2022 et la gratuité des virements internationaux vers l’Ukraine.

Côté spécialistes, les frais totaux varient de 2,6 euros (PaySend) à 7,8 euros (Wise) toujours pour 180 euros envoyés.

L’UFC-Que Choisir estime que les transferts d’argent de France vers l’Ukraine ont rapporté environ 5 millions d’euros aux établissements financiers dans l’Hexagone en 2020...

Cette année, selon le Knomad, les transferts d’argent de l’UE vers l’Ukraine devraient atteindre au moins 12 milliards d’euros.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business