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États-Unis: la classe moyenne n'est vraiment plus ce qu'elle était

Depuis 2015, moins d'un adulte Américain sur deux fait partie de la classe moyenne.

Depuis 2015, moins d'un adulte Américain sur deux fait partie de la classe moyenne. - Timothy A. Clary - AFP

Malgré la bonne tenue de l'économie, la vie quotidienne de l'Américain moyen est devenue de plus en plus difficile. Outre-Atlantique, la classe moyenne rassemble moins d'un habitant sur deux et en faire partie ne met pas à l'abri des difficultés pour joindre les deux bouts.

Une période de croissance historiquement longue, un taux de chômage tombé au plus bas depuis dix-huit ans... sur le papier tout va pour le mieux aux États-Unis. Mais à y regarder de plus près, ce n'est pas parce que les indicateurs économiques sont tous au vert que la vie quotidienne des Américains est simple.

Pour bâtir sa puissance économique, l'Amérique a développé un modèle de croissance qui s'appuie sur la consommation de masse, elle-même possible par l'existence d'une classe moyenne importante. Problème, cette dernière ne cesse de décliner depuis quarante ans, au point de ne plus être majoritaire dans le pays. Depuis 2015, moins d'un adulte Américain sur deux fait partie de la classe moyenne*, selon le Pew Research Center.

À noter qu'une autre enquête du même organisme, portant sur la période 1991-2010, montre que le phénomène n'est pas circonscrit aux États-Unis. En Europe de l'Ouest, des pays comme l'Italie et l'Espagne ont aussi vu le poids de leur classe moyenne prendre un sérieux coup. En revanche, le pays de l'Oncle Sam a proportionnellement la plus petite classe moyenne. Par ailleurs, quatre pays, dont la France, ont vu cette catégorie grossir sur cette période.

Faire partie de la classe moyenne ne protège pas forcément

En quittant la classe moyenne, les Américains sont venus nourrir les deux autres strates, à savoir les classes populaires et aisées. La bonne nouvelle est que la catégorie des plus riches est celle qui a le plus augmenté en quarante ans. La mauvaise est qu'elle reste moins importante que celle des plus pauvres, puisqu'elle pèse 21% de la population adulte contre 29%.

Pire, faire partie de la classe moyenne ne permet plus d'assumer l'ensemble des dépenses de base. Près de 51 millions de ménages ne gagnent pas assez pour financer l'ensemble de ses dépenses mensuelles, à savoir: le logement, l'alimentation, l'éducation, le transport et le téléphone portable, selon une étude de l'ONG United Way, publiée en mai. Parmi ces ménages, 34,7 millions font partie de la classe moyenne.

Cette situation s'explique par la stagnation des revenus qui ne permet pas de compenser la hausse du coût de la vie. La bulle de l'an 2000 et surtout la crise de 2008 ont fortement touché les porte-monnaie. Entre 2000 et 2014, le revenu médian des plus pauvres a diminué de 9%, celui de la classe moyenne de 4% et celui des plus hauts revenus de 3%. Aux États-Unis, deux emplois sur trois sont rémunérés moins de 20 euros de l'heure.

En terme de répartition des richesses, la société américaine est la plus inégalitaire des pays de l'OCDE. Les 10% les plus riches détiennent 80% du patrimoine net, à l'inverse 60% des moins aisés n'en détiennent que 2%.

*Le Pew Research Center inclut dans la classe moyenne les adultes dont le revenu est compris entre 67% et 200% du revenu médian. Cela correspond à un revenu de 24.000 à 73.000 dollars par an pour une personne seule ou 54.000 à 162.000 dollars pour un couple avec trois enfants.

J.-C.C.