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Dette américaine: accord en approche au Congrès pour éviter le shutdown

Les républicains ont proposé une suspension temporaire du plafond de la dette, qui pourrait être atteint le 18 octobre et paralyser le pays. Les démocrates pourraient accepter.

"Nous avançons bien. Nous n'y sommes pas encore mais nous espérons pouvoir parvenir à un accord demain matin", déclarait en fin de journée mercredi le chef démocrate du Sénat américain Chuck Schumer, pour annoncer qu'un compromis parlementaire sur la dette fédérale pouvait être trouvé.

Une déclaration faisant suite à une dizaine d'heures de tractations en coulisses. En fin de matinée, le chef des républicains au Sénat Mitch McConnell annonçait dans un communiqué être favorable à un relèvement temporaire – jusqu’en décembre – du plafond de la dette. Une manière, selon lui, de "protéger les Américains d'une crise à court terme provoquée par les démocrates".

La proposition républicaine, si elle était acceptée par les démocrates, donnerait un peu de temps à ces derniers pour trouver une solution plus pérenne, alors que leur marge de manœuvre législative est entravée par leur très mince majorité.

Le camp "bleu" avait au départ accueilli avec tiédeur l’idée de Mitch McConnell. La porte-parole de la Maison Blanche, Jen Psaki, avait ainsi appelé les républicains à "ne pas repousser les problèmes" alors qu'une solution de long terme pourrait être trouvée. "Pourquoi ne pas le faire dès maintenant", avait-t-elle déclaré en milieu de journée, en allusion au blocage exercé par ses opposants.

Dans l’après-midi, le Sénat avait ensuite annulé un vote sur le relèvement du plafond de la dette, pour organiser à la place une réunion à huis clos, dans la foulée de l'offre républicaine.

Biden inquiet

Le président Joe Biden a clairement signalé son agacement face en l’enlisement de ce dossier au Congrès. L’ancien vice-président de Barack Obama est fragilisé par le retrait chaotique d'Afghanistan, et peine par ailleurs à faire passer ses grandes réformes économiques et sociales. Il ne peut pas s’offrir le luxe d’une débâcle financière.

Il a convié mercredi à la Maison Blanche de grands noms de Wall Street pour mettre en garde contre les conséquences d'un défaut de paiement, qui serait une première dans l'histoire américaine. L’occasion de s’en prendre une nouvelle fois aux républicains, en leur demandant de "cesser de jouer à la roulette russe" avec l'économie américaine.

"Nous jouons avec le feu", s'est alarmée la patronne de la banque Citi, Jane Fraser ; Jamie Dimon, patron de JP Morgan, a lui averti des effets "en cascade" que pourrait avoir un défaut "sans précédent" des Etats-Unis. "Le monde nous regarde", a-t-il dit, rappelant le rôle clé de la devise et des bons du Trésor américains pour l'économie et la finance mondiales.

Un plafond source de tension

Le Trésor américain a fixé au 18 octobre la date à partir de laquelle la première économie mondiale pourrait se retrouver en cessation de paiement, si son Congrès ne parvient pas à "augmenter le plafond de la dette". En clair: à augmenter la capacité d'endettement du pays.

Si la date n’est pas fixe, la secrétaire au Trésor Janet Yellen a indiqué que faute de solution législative, le pays disposerait seulement de "très peu de liquidités" après ce jour. Le gouvernement se verrait donc obligé de sabrer dans ses dépenses, coupant dans les salaires de fonctionnaires ou dans les prestations sociales de certaines catégories de la population.

Les Etats-Unis peuvent aujourd’hui s’endetter au maximum à hauteur de 28.000 milliards de dollars, un plafond déterminé par le Congrès. Ce plafond a été relevé de multiples fois, mais depuis la présidence Obama, le sujet est devenu un instrument de pression politique pour l’opposition républicaine.

VG avec AFP