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Brésil: quelle politique économique entend mener Jair Bolsonaro?

Reconnaissant ne rien comprendre au sujet, le vainqueur de l'élection présidentielle, a promis de confier à un ex-banquier le soin de "changer le modèle économique du pays". Au programme: privatisations massives, réduction drastique du déficit et champ libre à l'agro-business.

Elu avec une large majorité, Jair Bolsonaro entend bien radicalement modifier la politique économique du Brésil. Et pour ce faire, il compte sur un ancien banquier de 69 ans, Paulo Guedes. Une sorte de gourou, à qui le nouveau président brésilien laissera bel et bien les mains libres car lui-même avoue ne "rien comprendre" à l'économie. Mais peu importe son ignorance puisque Paulo Guedes aura réponse à tout. Une réponse ultra-libérale. Le futur super ministre en charge de l’économie, des finances, du commerce et des investissements publics est tout sauf un étatiste. Il a soutenu sa thèse d’économie à l'Université de Chicago, berceau des thèses libérales.

Le soir de sa victoire, Jair Bolsonaro a promis de "changer le modèle économique du pays" en sortant du giron de l'Etat un très grand nombre d'entreprises privatisant et en assainissant les finances publiques. Près de 150 entreprises publiques devraient voir leur sort confier à des intérêts privés de façon totale ou partielle. Et pour réduire une dette qui atteint 84% du PIB du pays, Paulo Guedes souhaite réduire drastiquement le déficit du budget.

Laisser le champ libre à l'agro-business

Jair Bolsonaro a peu de lignes rouges sur ces sujets. Durant la campagne, il s'est juste engagé à exclure de son programme de privatisation les deux géants de l'énergie, Petrobras (pétrole, gaz) et Eletrobras (électricité). Il a aussi laissé entendre qu'il ne toucherait pas aux banques publiques.

Le président d’extrême-droite souhaite aussi relancer l’économie en soutenant l’agro-business, qui représente 22% du PIB, 16% des emplois et, surtout, 44% des exportations. Et tant pis si, pour cela, les accords de Paris sur l’environnement doivent être foulés au pied. Il n’est plus question de mettre de bâtons dans les roues des producteurs de soja ou de canne à sucre et éleveurs de bovins. Pour mener à bien leurs projets de croissance, ces derniers ont besoin de nouvelles terres. La forêt amazonienne est évidemment dans leur viseur.

"Si je devais assumer [la présidence], l’Indien n’aura plus un centimètre de terre", a ainsi promis Jair Bolsonaro le 2 février dernier. Les peuples autochtones, fervents défenseurs de leur habitat ancestral ne sont pas les seuls à être menacés. Les ONG écologistes vont également avoir du mal à faire entendre leur voix. Jair Bolsonara a longtemps affirmé durant la campagne, qu’il considérait les mesures de préservation de l'Amazonie comme une atteinte à la souveraineté du Brésil.

Pierre Kupferman