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Les douloureuses préconisations du comité de suivi des retraites pour absorber le déficit du système

Les régimes des retraites pourrait finalement ne pas être à l'équilibre cette année.

Les régimes des retraites pourrait finalement ne pas être à l'équilibre cette année. - Joel Saget-AFP

Dans son avis annuel rendu au gouvernement, le comité de suivi des retraites évoque le relèvement de l'âge de départ ainsi que la sous-indexation des pensions pour résorber le déficit du système. Mais sans que cela ne fragilise les "retraités les moins favorisés".

Reviendra, reviendra pas? Si la réforme des retraites n’est plus d’actualité depuis l’apparition du nouveau coronavirus en France, Emmanuel Macron ne semble pas y avoir renoncé. Même si un retour de ce sujet hautement inflammable avant la campagne présidentielle de 2022 apparaît plus qu’improbable.

Il n’empêche, la question du déficit du système (23,4 milliards d'euros en 2020) reste, elle, problématique. D’autant plus que la crise sanitaire a largement contribué à son aggravation. Dans son rapport annuel rendu lundi au Premier ministre, le comité de suivi des retraites alerte sur ce déficit plombé par l’épidémie de Covid-19 et qui dans la plupart des projections "reste sous-financé sur les 25 prochaines années".

Un retour à l'équilibre peu probable en 2045

Composé de cinq membres, le Comité de suivi des retraites doit évaluer chaque année si le système respecte les trois objectifs assignés par la loi (maintien du niveau de vie des retraités, équité entre assurés, pérennité financière), sur la base du Conseil d’orientation des retraites (COR).

Or, les dernières projections du COR qui ne prenaient pas en compte les effets de la deuxième vague épidémique tablaient sur une sortie des déficits en 2045, au mieux. Un scénario peu probable compte tenu des hypothèses de hausse de productivité extrêmement optimistes retenues, à savoir +1,8% par an. Avec un taux, toujours très optimiste, de 1,5%, il faudrait attendre 2053 pour espérer un retour à l’équilibre. En deçà, le système "resterait durablement en besoin de financement", au moins jusqu'en 2070, selon le COR.

Dans son avis, le comité de suivi des retraites juge lui aussi que l’hypothèse d’évolution de la productivité est "très favorable", d’autant que "la crise pourrait inviter à plutôt élargir vers le bas la gamme d’hypothèses de productivité que le COR a l’habitude retenir à long terme".

Président du comité de suivi des retraites, Didier Blanchet a expliqué que si à court terme la crise sanitaire ne pouvait qu’être synonyme d’endettement, ce dernier "ne saurait cependant constituer une stratégie durable". Il appelle ainsi le gouvernement à définir un "calendrier et une méthode de sortie de cette période au cours de laquelle la nécessité d’équilibrage aura pu rester temporairement suspendue".

Sous-indexation des pensions et relèvement de l'âge de départ

Au-delà du simple constat, le comité de suivi des retraites avance deux pistes principales pour résorber le déficit du régime. Il estime notamment la sous-indexation des pensions "peut se justifier s’il apparaît que la crise aura conduit à améliorer plus que très ponctuellement le niveau de vie relatif des retraités par rapport à ce qu’aurait été son évolution sans crise".

Il n’est pas illégitime de moniliser à nouveau ce paramètre, pour viser un partage parallèle des conséquences de la crise entre actifs et retraités", poursuit le comité. Mais une telle sous-indexation devra se faire "sans à-coups inutiles, et en limitant ses effets pour les retraités les moins favorisés", ajoute-t-il.

Complémentaire à la première, la seconde piste présentée par le comité de suivi des retraites viserait à jouer sur l’âge de départ à moyen terme "pour lequel une marge d’ajustement subsiste sans réduction de la durée espérée de la retraite, sauf évidemment si l’espérance de vie devait ralentir significativement", assure-t-il. Si ce levier est utilisé, il faudra toutefois prendre garde à ne pas "rajouter à la complexité des règles d’accès au taux plein".

"Conserver un matelas de réserves significatif"

Le comité de suivi exclut en revanche une hausse des cotisations. Il rappelle en outre la nécessité de "conserver un matelas de réserves significatif". En effet, "se dessaisir d’une fraction importante des réserves dans le contexte actuel de taux bas n’est pas opportun financièrement, a fortiori si on pense qu’elles pourraient servir à l’accompagnement de futures réformes ou ajustements du système ou aider à gérer d’autres chocs conjoncturels d’ampleur moins exceptionnelle".

Si le comité de suivi transmet au gouvernement ses préconisations en matière d’ajustements paramétriques, il rappelle qu’il ne lui "appartient pas de se prononcer sur le principe d’une relance du projet" de système universel par points souhaité par l’exécutif et suspendu en raison de la pandémie.

Dans un communiqué, Jean Castex a pour sa part indiqué que "le gouvernement prenait note de l'ensemble de ces observations, qui aideront à nourrir le moment venu le dialogue social sur la stratégie de redressement du système de retraite".

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis avec AFP Journaliste BFM Eco