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La BCE prête à prolonger en 2021 son programme d'urgence

Les temps extraordinaires nécessitent une action extraordinaire", a tweeté la présidente de l'Institut de Francfort Christine Lagarde

Les temps extraordinaires nécessitent une action extraordinaire", a tweeté la présidente de l'Institut de Francfort Christine Lagarde - AFP

La présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, s'est exprimée ce jeudi à l'occasion de la traditionnelle conférence de presse de l'institution monétaire. Elle estime nécessaire de prolonger le soutien financier accordé aux pays de la zone euro après 2020.

Quelles nouvelles mesures de soutien la BCE peut-elle encore déployer pour soutenir les pays du Vieux continent? Alors que l'instance européenne avait déjà dégainé un bazooka financier visant à racheter 750 milliards d'euros de dettes publiques et privées d'ici la fin de l'année, sa présidente Christine Lagarde vient d'annoncer ce jeudi que le programme d'urgence de la Banque centrale européenne (PEPP), "pourrait être prolongé" au-delà de la fin 2020.

Le dispositif, lancé en mars pour amortir le choc économique déclenché par la pandémie de coronavirus, "sera poursuivi jusqu'à ce que (la BCE) estime que la crise du coronavirus est passée, et dans tous les cas jusqu'à la fin de l'année", a expliqué la présidente lors de cette conférence de presse virtuelle, ajoutant que le PEPP pourrait être encore "ajusté" au-delà.

Vers un repli du PIB de 5 à 12% en zone euro

Et si Christine Lagarde prévoit de le prolonger, c'est aussi parce que la BCE s'attend à un repli de "5 à 12%" du produit intérieur brut de la zone euro cette année, reflet de la "grande incertitude" autour de l'impact économique du coronavirus, a-t-elle précisé.

Cette violente récession devrait être suivie d'une "reprise" si les mesures de confinement sont progressivement levées, mais "sa vitesse et son ampleur" sont elles-mêmes "hautement incertaines", a poursuivi Christine Lagarde. "La zone euro fait face à une contraction économique d'une magnitude et vitesse jamais vues en temps de paix", a-t-elle souligné, estimant que "la chute de l'activité économique en avril", pourrait avoir un impact "probablement plus sévère au deuxième trimestre".

La croissance devrait "se normaliser dans les années suivantes", a encore détaillé la présidente de la BCE mais "l'ampleur de la reprise" dépend notamment de la durée des mesures restrictives et du "succès des politiques destiner à limiter l'impact sur les revenus et l'emploi".

Par ailleurs, la nette dégradation de l'économie devrait avoir "un effet négatif" sur l'inflation "au cours des prochains mois", a estimé Christine Lagarde.

Un taux plus favorable aux banques

Dans l'immédiat, l'institution gardienne de l'euro a donc confirmé ses mesures prises depuis la mi-mars pour éviter que les conditions de financement ne se durcissent et n'aggravent l'impact économique de la crise.

La BCE a par ailleurs encore baissé le taux le plus favorable accordé aux banques pour les prochaines vagues de prêts géants annoncées en mars, le descendant de -0,75% à -1%, dans le cas où ces liquidités servent à soutenir des PME fragilisées par la crise. Par ce biais d'apparence technique, "la BCE délivre sans honte de la monnaie-hélicoptère aux banques", décrypte sur Twitter Stanislas Jourdan, directeur de l'ONG Positive Money.

Enfin, le principal taux d'intérêt a été maintenu à zéro, tandis que les banques se verront toujours appliquer un prélèvement de 0,50% sur une fraction des dépôts qu'elles confient à la banque centrale au lieu de les prêter à leurs clients. 

La BCE a ainsi emboîté le pas de son homologue américaine, qui a maintenu mercredi ses taux d'intérêt autour de 0% tout en se disant prête à utiliser "toute la palette d'outils" à sa disposition pour atténuer l'impact économique de la crise sanitaire.

La Banque du Japon (BoJ) a elle encore renforcé lundi ses programmes de rachats d'actifs.

Maintenir de bonnes conditions de crédit

La palette des instruments de la BCE va servir à maintenir de bonnes conditions de crédit dans l'économie et continuer à stabiliser les marchés des dettes publiques et privées. Ces derniers sont soumis à des tensions sur les emprunts émis par des pays aux finances fragiles, comme l'Italie.

Plus largement, les aides publiques déployées pour éviter une vague de faillites, donc de licenciements, devraient créer une montagne de nouvelle dette souveraine estimée à 1.000 milliards d'euros rien que pour l'Allemagne, la France, l'Italie et l'Espagne, que la BCE a la capacité à absorber à son bilan.

JCH avec AFP