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Economie et Social

L’observatoire de l’action sociale plaide pour une "renationalisation" du RSA

Dans le contexte actuel de la crise, les bénéficiaires du RSA augmentent et les dépenses des départements avec. L’Observatoire de l’action sociale appelle le gouvernement à reprendre en charge cette prestation.

En cette période de crise sanitaire, le nombre de bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA) a progressé de 8% au premier semestre 2020, conséquence de la perte de "petits contrats" pour de nombreux allocataires. La dépense d'allocation a augmenté de 10% en moyenne, ce qui pèsera à coup sûr sur le budget des départements, en charge du versement de cette prestation sociale. Ils anticipent une forte évolution des dépenses liées au RSA, pouvant aller jusqu'à +15%, pour 2021.

"Les dépenses ont été maîtrisées mais au sacrifice de la prévention et de l'insertion", a relevé Claudine Padieu, directrice scientifique.

Dans ce contexte, l’Odas a appelé ce jeudi à "renationaliser" le RSA pour soulager les départements, pour qui le versement d’allocations représentait déjà en 2019 47% des dépenses sociales.

"On va vers l'asphyxie complète des départements si on ne finance pas le RSA", a déclaré lors d'une visioconférence Didier Lesueur, directeur général de cet organisme associatif indépendant, qui regroupe de nombreux départements, des villes et des organismes de protection sociale. "Nous allons vivre des moments difficiles, avec la paupérisation de notre société et une période de grande déstabilisation de la vie familiale. Le RSA est un bouclier essentiel contre la pauvreté, très protecteur aussi pour les enfants", a-t-il fait valoir.

+1.9% en 2019

Malgré des disparités importantes entre territoires, les dépenses sociales des départements ont augmenté de 1,9% en 2019 par rapport à 2018, s'élevant à 38,6 milliards d'euros (pour la France métropolitaine), selon l'Odas. Une fois déduites les contributions financières de l'État - qui concourt au versement du RSA, de l'allocation personnalisée d'autonomie (APA) et la prestation de compensation du handicap (PCH) - la charge nette des départements a été de 30,3 milliards en 2019 (+2,6%).

Pour l’heure, le RSA est centralisé à Mayotte, en Guyane et à la Réunion. Fin octobre, le gouvernement a également accepté de prendre en charge son financement dans le département de la Seine-Saint-Denis (93), département le plus pauvre de France métropolitaine.

"Cela doit être élargi le plus possible et le plus rapidement possible", a demandé Jean-Louis Sanchez, délégué général de l'Odas. "Laissons les départements faire de la politique locale et encourager l'insertion par l'emploi. Là, on fait de la distribution de prestations", a-t-il ajouté.
MP avec AFP