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Frédéric Thiriez dénonce "une crise des élites en France" et détaille ses pistes pour réformer l'ENA

Haut-fonctionnaire, l'ancien président de la Ligue de football professionnel a rendu un rapport sur la transformation de l'Ena. "Il est temps d'agir pour que les gens retrouvent confiance en leurs dirigeants" explique-t-il sur BFM Business.

La haute fonction publique, si décriée, a-t-elle encore un avenir en France? Oui, répond Frédéric Thiriez. Le haut-fonctionnaire, ex-président de la Ligue de football professionnel (LFP), a été mandaté pour réfléchir à la transformation de l'ENA, dont Emmanuel Macron souhaitait la suppression. La semaine dernière, il a donc rendu sa copie avec une cinquantaine de propositions.

"Il y a, on constate, un fossé croissant entre les Français et leurs élites" reconnait Frédéric Thiriez. "Nos concitoyens ont le sentiment à tort ou à raison, mais je pense que c'est plutôt à raison, que les gens qui décident pour eux ne sont pas proches de leurs préoccupations. C'est ça qu'il faut changer. Il y a une crise des élites en France." Selon lui, "il est temps d'agir pour que les gens retrouvent confiance en leurs dirigeants."

Pour y parvenir, il propose notamment "d'ouvrir notre haute-fonction publique" à la pluralité. "Est-ce qu'il est normal que 80% des énarques et des X (Polytechnique) soient des enfants de CSP+?" s'interroge-t-il. "Est-ce qu'il est normal qu'il n'y ait que 20% de filles à Polytechnique?"

Selon lui, il faut aussi "combattre le corporatisme et l'esprit de caste" entre les différents corps de la fonction publique qui "meurt de ce corporatisme". Il propose ainsi une "une formation commune à tous les fonctionnaires (…) pendant 6 mois" pour mettre fin à cette rivalité. Enfin, une des propositions consiste à "professionnaliser la formation" car "lorsqu'on entre à l'ENA, on ne sait pas quel métier on fera à la sortie puisque cela dépend du classement de sortie. Donc je propose de supprimer le classement de sortie" explique-t-il.

Thomas Leroy