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"Un effet récessif": pour l'OFCE, la croissance va pâtir des plans d'économies du gouvernement

Les Jeux olympiques n'apporteront pas un regain d'activité pérenne avec un impact de seulement 0,1%, au troisième trimestre.

Si les prévisions de croissance n'ont jamais été roses pour 2024, les perspectives s'assombrissent encore. L'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) table désormais sur une hausse du PIB de seulement 0,5% pour le millésime en cours, contre 0,8% auparavant.

Une révision à la baisse qui "s’explique principalement par un acquis de croissance pour 2024 plus faible que prévu […] et un nouveau programme d’ajustement budgétaire".

Pour faire face à la dégradation des comptes publics, Bercy a entériné par décret l'annulation de dix milliards d'euros de crédits en février dernier. Conséquence: la croissance française va être amputée de 0,2% en 2024.

"Quand vous réduisez la dépense publique, cela a des conséquences sur la consommation des ménages et l'activité des entreprises", a expliqué l'économiste Mathieu Plane lors de la conférence de présentation des prévisions économiques de l'OFCE.

"Sur les dix milliards annoncés, on estime que sept milliards peuvent avoir des effets négatifs sur l'économie."

Et les Jeux olympiques n'apporteront pas un regain d'activité pérenne avec seulement un impact de seulement 0,1%, au troisième trimestre.

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En raison de la faible croissance de l'activité, le retournement de la courbe du travail se poursuivra, éloignant l'objectif de plein-emploi d'Emmanuel Macron. 68.000 défaillances d'entreprises sont attendues en 2024, et un total de 100.000 emplois devraient disparaître. Le taux de chômage devrait s'établir à 8,1% fin 2024.

Rare éclaircie, le taux d'inflation devrait s'établir à 2,4% en 2024 contre 4,9% en 2023. Soit un taux proche de l'objectif affiché par la Banque centrale européenne.

"Malgré les effets positifs liés à la baisse des taux", prévue cette année, "la croissance française est attendue à 1,2%", soit un demi-point de moins que la prévision du gouvernement (1,7%)" pour 2025, pénalisée par 20 milliards de coupes supplémentaires annoncées en 2025.

Si l'exécutif se refuse à toucher au dogme fiscal, vantant les mérites de sa politique de l'offre, l'économiste Eric Heyer a estimé que le débat ne devait pas être enterré. Selon lui, "la réduction des dépenses publiques a un effet plus récessif qu'une augmentation d'impôts sur le court terme".

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Les mesures d'économies auraient au moins l'avantage de réduire le déficit à 5% du PIB en 2024 et à 4,4% l'année suivante, ce qui reste supérieur à l'objectif européen de 3%.

Enfin, "après trois ans de baisse, la dette publique (...) repartirait à la hausse en 2024 et 2025. Elle atteindrait 112,8% du PIB en 2025, après 111,9% en 2024 et 110,6% en 2023", en raison d'une hausse de la charge d'intérêt notamment. Les regards sont désormais tournés vers le ministère de l'Économie. Bercy doit dévoiler ce mercredi sa nouvelle trajectoire de finances publiques.

Théodore Laurent