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Revenus d’activité en baisse, prestations en hausse: le pouvoir d’achat des ménages préservé en 2020

Le pouvoir d'achat des ménages est resté stable.

Le pouvoir d'achat des ménages est resté stable. - Philippe Huguen - AFP

L'augmentation des prestations sociales pour amortir les pertes de revenus ainsi que la faible inflation en 2020 ont permis de maintenir le pouvoir d'achat des ménages, selon l'Insee.

En recul de 7,9%, l’économie française a essuyé un sérieux revers en 2020 sous l’effet de la pandémie de Covid-19. Paradoxalement, le pouvoir d’achat des ménages mesuré par unité de consommation (voir encadré plus bas) est resté stable (+0,0%), selon une enquête de l’Insee publiée ce vendredi.

Les revenus d’activité (salaires, revenus des indépendants) ont pourtant baissé de 4,8% l’an passé par rapport à 2019 (-44,8 milliards d’euros), tandis que les revenus du patrimoine et notamment les dividendes (-8,2%) ont eux-mêmes été rognés. Mais ces pertes liées aux restrictions sanitaires ont été compensées par la forte progression des prestations sociales (+9,5%) décidée au nom du "quoi qu’il en coûte".

Une augmentation du revenu disponible plus forte que l’inflation

Il y a d’abord eu les allocations au titre de l’activité partielle mais aussi les dispositifs destinés aux ménages précaires (aide exceptionnelle pour les bénéficiaires du RSA, de l’allocation de solidarité spécifique ou de l’allocation logement, etc.).

En parallèle, certains filets de sécurité traditionnels ont été renforcés, comme les droits des personnes sans emploi qui ont été prolongés. De leur côté, les entrepreneurs individuels ont bénéficié du fonds de solidarité et d’exonérations de cotisations pour amortir la baisse de leur revenu.

Le recul des revenus d’activité a également eu pour effet de diminuer les impôts directs (-3,6%, soit -8,9 milliards d’euros), notamment la CSG et l’impôt sur le revenu. Si bien que le revenu disponible des ménages (revenu réel diminué des impôts et augmenté des prestations) a augmenté de 1% en 2020. Dans le même temps, l’inflation a progressé moins fortement (+0,6%), ce qui a contribué à la stabilisation du pouvoir d’achat.

Le taux d’épargne atteint des sommets

Privés de culture, de restauration, de tourisme et des commerces dits "non essentiels", les ménages ont beaucoup moins consommé en 2020 (-7%). Cette impossibilité de dépenser comme ils l’auraient voulu s’est mécaniquement traduite par une augmentation de leur épargne que l’on pourrait qualifier de "forcée" et à laquelle s’ajoute une épargne de précaution justifiée par les incertitudes sanitaires et économiques.

Dans ce contexte, le taux d’épargne des ménages a atteint 22,1% fin 2020 (et même 27,1% au deuxième trimestre) contre 15% un an plus tôt. "En définitive, en 2020, l’épargne des ménages dépasse de 96 milliards d’euros le montant attendu au vu de ces déterminants, et de 91 milliards d’euros l’épargne observée en 2019", souligne l’Insee.

Une épargne accumulée avant tout par les plus aisés

La baisse contrainte de la consommation et la hausse de l’épargne qui en découle ont fait diminuer en moyenne la proportion de ménages en difficulté financière. 20% d’entre eux disaient s’endetter ou puiser dans leurs réserves en mars 2021, soit 4 points de moins qu’à la même période un an plus tôt. Certains ont néanmoins été davantage pénalisés par la baisse de leur revenu et ont donc moins mis de côté: c’est le cas des artisans et commerçants, de certains salariés du privé et des jeunes.

Au final, environ 70% du surcroît d’épargne a été dégagé par les 20% des ménages les plus aisés. Ce qui n’est pas vraiment surprenant: ceux qui dépensent sont les plus à même de réduire leur consommation. Ainsi les 10% des ménages les plus modestes ont réduit leur consommation de 3% quand les 10% des plus riches l’ont diminué de 22%.

En conséquence, la hausse du patrimoine financier des ménages "est plus élevée en euros pour les ménages à hauts patrimoines financer, qui ont pu épargner davantage en diminuant leur consommation. Les ménages à faibles patrimoines financiers ont également mis de l’argent de côté, notamment pendant le premier confinement; cependant, les montants, quelques dizaines ou centaines d’euros en général, demeurent faibles, même s’ils représentent une part importante de leur patrimoine initial", observe l’Insee.

Pouvoir d'achat et unité de consommation

Avec une augmentation du revenu disponible des ménages de 1% et une inflation à 0,6%, le pouvoir d'achat des ménages a progressé de 0,4% en 2020. Il est en revanche parfaitement stable (+0,0%) si on le mesure en unité de consommation.

Or, il est plus juste de raisonner selon cette dernière méthode pour tenir compte de l’évolution de la taille et de la structure des ménages: un ménage d'une personne avec un revenu de 2000 euros n'a pas le même niveau de vie qu'un ménage de deux personnes avec le même revenu.

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco