Pourquoi de plus en plus de salariés doivent se contenter du Smic

Sur deux ans, le Smic a bénéficié d'une revalorisation automatique de 10%. Alors que sur la même période, l’ensemble des ouvriers et employés n’ont bénéficié que d’une augmentation moyenne de 6,5%. Une partie de ces bas salaires ont ainsi été "rattrapés" par le Smic.

Face à la hausse des prix, les bas salaires ne sont pas tous logés à la même enseigne. Loin s’en faut. Les salariés payés au Smic ont été protégés de l'inflation par la revalorisation automatique et pluriannuelle du salaire minimum.

Pour se faire une idée de l’augmentation dont a bénéficié sans avoir rien à réclamer à son employeur, un salarié touchant le Smic, il suffit de comparer sa dernière feuille de paie à celle de mars 2021. Hors éventuelles primes et heures supplémentaires, son salaire net est passé de 1230,60 à 1353,07 euros, soit 10% de plus.

Hausse moyenne en deux ans du salaire des ouvriers et employés: +6,5%

Mais les ouvriers et les employés qui gagnent un peu plus que le salaire minimum, eux, n’ont pas vu leur salaire progresser de 10% sur deux ans. Les éventuelles augmentations que leurs employeurs leur ont octroyées sont loin, sauf très rares exceptions, de compenser la hausse des prix.

En moyenne, sur deux ans, leur salaire de base (hors primes et heures supplémentaires) a pris, selon les données de la Dares, 6,5%. Autrement dit, ceux qui, il y a deux ans, percevaient un salaire très légèrement au-dessus du Smic se retrouvent aujourd’hui avec une rémunération équivalente au salaire minimum. Ils ont été en quelque sorte "rattrapés" par le Smic.

Près de 1 salarié sur 6 payé au Smic, comme en 2005 ?

De sorte que la proportion des salariés qui se contentent aujourd’hui du salaire minimum progresse à grande vitesse. Le 1er janvier 2021, ils ne représentaient plus que 12% des salariés. Un an plus tard, la Dares les estime à 14,5%, un niveau au inédit depuis une grosse quinzaine d’années.

Et tout laisse à penser que depuis le 1er janvier, cette part est encore plus élevée. Peut-être même à un niveau record. Dans l’attente de la publication de cette statistique, on peut rappeler que le niveau le plus élevé depuis le début du siècle date de 2005. A l’époque, un salarié sur six était payé au Smic. Ce niveau avait ensuite régressé repassant sous la barre symbolique des 10% en 2010.

https://twitter.com/PierreKupferman Pierre Kupferman Rédacteur en chef BFM Éco