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Pourquoi 2010 a été l'une des pires années pour démarrer dans la vie active

Les diplômes de moins en moins valorisés

Les diplômes de moins en moins valorisés - McElspeth - Pixabay

De plus en plus nécessaire, le diplôme est toutefois moins valorisé sur le marché du travail qu’il y a quelques années. Ainsi, le salaire des jeunes actifs diplômés ayant commencé à travailler 2010 était en 2017 inférieur à celui d’une personne ayant le même niveau d’étude en 2005 et ayant commencé à travailler en 1998.

Malgré une hausse du nombre de diplômés, les débuts de carrière sont plus chaotiques pour les jeunes actifs d’aujourd’hui que pour ceux entrés sur le marché du travail il y a vingt ans. C’est en tout cas la conclusion d’une étude du Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Cereq) qui a comparé la situation des jeunes sept ans après leur sortie du système scolaire en 1998 et ceux sortis en 2010.

Ainsi, les jeunes de la génération 2010, diplômés ou non, sont affectés par un accès à l’emploi durable plus difficile que ceux de 1998, selon ce rapport relayé par Les Échos. Sept ans après la fin de leurs études, 80% des premiers en emploi disposaient d’un CDI, contre 86% pour leurs aînés.

Des parcours plus heurtés pour les non-diplômés

Chez les diplômés de l’enseignement secondaire, un jeune sur deux (49%) de la génération 2010 bénéficiaient d’un CDI sept ans plus tard, contre 61% pour les jeunes actifs de la génération 1998. Un déclin qui ne signifie pas pour autant que le diplôme perd toute valeur. 

Et pour cause, les non-diplômés d’aujourd’hui pâtissent davantage de cette situation puisque seulement 21% de ceux ayant quitté le système scolaire en 2010 bénéficiaient d’un CDI en 2017. À l’inverse, 41% des jeunes de la génération 1998 sans diplôme étaient en contrat à durée indéterminée en 2005. Plus encore, la part de temps que les non-diplômés ont passé dans l’emploi sur ces sept ans a chuté de 65% pour la génération 1998 à 46% pour la génération 2010.

Des diplômés moins bien payés

Autre constat: les diplômes sont de moins en moins rémunérateurs. De fait, un titulaire d’une licence (Bac + 3) entré sur le marché du travail en 2010 touchait en 2017 un salaire 8% inférieur (corrigé de l’inflation) à celui d’une personne ayant le même niveau d’études en 2005 et ayant commencé sa carrière en 1998. L’écart est même de 12% pour les titulaires d’un Master (5 ans d’études).

Par ailleurs, l’accroissement du salaire médian entre la première embauche et le dernier emploi occupé, qui oscillait entre 44% et 54% selon le type de diplôme entre 1998 et 2005, plafonne au mieux à 31% entre 2010 et 2017 (pour les bac+5 et plus).

"Le marché du travail et les entreprises ne font donc pas écho, en termes salariaux, à la hausse du niveau de qualification de leurs jeunes salariés; la montée de l’offre de diplômés ayant été plus rapide que la demande d’emplois qualifiés, ou en tout cas, que leur reconnaissance et leur rétribution en tant que tels", explique le Cerep. Enfin, la probabilité d’évoluer dans sa carrière est en baisse, la génération 2010 ayant 1,8 fois moins de chance que la génération 1998 de devenir cadre sept ans après être entrée sur le marché du travail.

Conjoncture difficile

Au final, la génération 2010 "apparaît peu favorisée par le contexte économique qui a présidé à ses premières années dans la vie active. Confrontée à la crise des dettes souveraines, elle a dû faire face à une dégradation conjoncturelle durable, suivie d’une légère reprise qui n’a pas permis un rattrapage des niveaux d’avant la crise financière de 2008 et n’a pas redynamisé l’emploi", note le Cerep.

Et d’ajouter: "Contraints à vivre des débuts de vie active dans une conjoncture difficile, où le diplôme semble de plus en plus nécessaire mais de moins en moins valorisé, les jeunes sans diplôme et diplômés du secondaire de la génération 2010 se voient toujours plus exclus de l’emploi, et plus exposés au chômage et à la précarité".

Pour autant, près de 8 jeunes sur 10 (79%) de la génération 2010 se disent optimistes pour leur avenir professionnel, soit légèrement plus que la génération 1998 (77%). "Tout se passe comme si les jeunes intégraient les transformations de la norme d’emploi et ajustaient leurs attentes en conséquences", conclut le Cerep.

Paul Louis