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Les naissances ne suffiront bientôt plus à compenser les décès en France

Depuis le début de l'année, il ne naît plus en France, que 1856 bébés par jour, soit près de 400 de moins qu'en 2014. Le nombre de naissance se rapproche de plus en plus de celui des décès quotidiens qui, en moyenne, était de 1846 l'an passé.

Mois après mois, le niveau des naissances ne cesse de chuter en France. Les chiffres de l'Insee pour juillet -où les maternités sont traditionnellement plus sollicitées qu'en mars, avril ou mai- viennent de tomber. La moyenne se situe à 1907 naissances par jour, soit 10% de moins qu’en juillet 2021. Bien sûr cette baisse de la natalité n’est pas propre à la France. Sauf que dans les années 90 et 2000 et même dans la décennie suivante, les femmes faisaient en France plus de bébés que chez nos voisins allemands ou italiens.

Depuis quelques années, ce différentiel s'estompe. Il y a bien eu un petit sursaut en 2021, lié à la sortie de la phase la plus anxiogène de la crise Covid. Mais il n’a pas duré et le nombre des naissances a même flanché depuis. Deux chiffres permettent de prendre la mesure de cette chute. En 2014, il naissait chaque jour en moyenne 2243 bébés par jour. Depuis le début de cette année, la moyenne est passée à 1854. On a ainsi perdu l’équivalent de deux mois de naissance.

A ce rythme, le nombre des décès pourrait dépasser celui des naissances en 2024

La moyenne des naissances quotidiennes depuis de l'année s'approche donc de celle des décès. Sur l'ensemble de 2022, le nombre moyen de morts par jour s'élevait à 1846. Certes, sur les six premiers mois de cette année, la mortalité a légèrement baissé, puisque la moyenne est passée à 1803. Mais, malheureusement, avec tous les épisodes de canicules que connaît la France depuis deux mois, le nombre moyen de décès quotidiens risque de repartir à la hausse. Dans tous les cas, si la baisse du nombre des naissances se poursuit au même rythme, le croisement des courbes pourrait se produire dès 2024.

Et cela aura des conséquences économiques. D'abord parce qu'en France, la consommation assure à elle seule plus de la moitié du PIB. Donc cette baisse du nombre de consommateurs ne peut qu'avoir un effet négatif sur la croissance. Moins de naissances cela signifie aussi, à terme, que la France, sauf à faire appel à l'immigration, comptera moins de travailleurs. De quoi accentuer les problèmes de recrutement que connaissent déjà aujourd’hui certains secteurs d’activité.

Mais il y a aussi la question du financement de notre système de retraite. Le nombre de cotisants par retraité va continuer à baisser. On sera d'ici 20 ans inéluctablement en dessous des 1,5 contre 1,71 aujourd'hui. Dit autrement, pour payer les pensions de deux retraités, on ne pourra même pas compter sur trois cotisants.

Pierre Kupferman
https://twitter.com/PierreKupferman Pierre Kupferman Rédacteur en chef BFM Éco