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Le retour de l’inflation va faire des gagnants… et des perdants

L'inflation a atteint en juillet 2,3%. Bonne nouvelle, par exemple, pour les emprunteurs qui supporteront mieux le poids de leur dette. En revanche, pour d'autres, cette hausse des prix rime avec perte de pouvoir d'achat. C'est notamment le cas des fonctionnaires.

Du jamais vu depuis plus de six ans. L'inflation a progressé de 2,3% en juillet. Il faut remonter à mars 2012, selon les données de l'Insee, pour retrouver un niveau aussi élevé de hausse des prix. L'Institut avait prévu ce pic estival et table sur un ralentissement autour de 1,7% dans les mois à venir. En moyenne sur l'année, les prix à la consommation devraient ainsi progresser de 1,8%, contre 1% en 2017.

Ce retour de l'inflation s'explique d'abord par la hausse de la fiscalité indirecte, puisque le gouvernement a augmenté les taxes sur le tabac et les carburants. La hausse du prix du pétrole, dont le baril frôle les 80 dollars soit son plus haut depuis près de quatre ans, renforce la tendance.

Certes la progression de l'inflation est synonyme de facture plus salée pour le consommateur, mais une hausse des prix peut aussi amener son lot de bonnes nouvelles.

Vers une nouvelle hausse du Smic en 2019

D'abord les smicards verront leur revenu augmenter en 2019. Chaque année, le salaire minimum est revalorisé en fonction de deux facteurs: l'évolution du salaire horaire des ménages les plus modestes, mais aussi de l'inflation. Pour mémoire, au 1er janvier de cette année, le Smic horaire avait été revalorisé de 1,24% pour atteindre 9,88 euros brut, soit un salaire mensuel de 1498,47 euros brut pour une personne aux 35 heures.

Mieux, une hausse du Smic profite aussi aux autres travailleurs, en particulier ceux qui ont les salaires les plus bas. Une étude de la Dares avait constaté qu'une "augmentation de 1% du Smic se répercuterait quasi intégralement sur les salaires de base entre 1 et 1,1 Smic et à hauteur de 0,5 % pour ceux situés entre 1,4 et 1,5 Smic".

Lors des négociations annuelles obligatoires (NAO) dans les entreprises, les représentants des salariés peuvent également faire valoir le niveau d'inflation pour demander des augmentations plus importantes. En revanche, le résultat varie selon les entreprises, puisque l'employeur n'est pas obligé de les accorder et dans ce cas l'inflation pèse sur le pouvoir d'achat.

Les emprunteurs et l'État: les grands gagnants

Alors que l'inflation reprend de la vigueur, les taux d'emprunt, eux, restent à des niveaux extrêmement bas. Le taux moyen de crédit immobilier accordé aux particuliers poursuit sa baisse cette année. Après 1,53% fin 2017, il est tombé à respectivement 1,48% puis 1,45% lors des deux premiers trimestres, selon les chiffres de l'Observatoire crédit logement / CSA.

Certes, l'inflation est portée davantage par la hausse des prix de l'énergie et du tabac que par les augmentations de salaire. L'Insee prévoit tout de même que le noyau de l'inflation (hors prix volatils: énergie, alimentation...) progresse de 1% cette année, contre 0,5% en 2017. Ainsi, les Français devraient avoir légèrement plus de moyens pour rembourser leur crédit.

Outre les particuliers, un autre emprunteur peut aussi avoir le sourire: l'État. Sur les marchés financiers, le taux de référence à 10 ans des bons du Trésor est au-dessous de 1% depuis le printemps 2017. Surtout, l'augmentation des prix fait progresser les recettes de la TVA.

Les pensions de retraites vont-elles rattraper l'inflation?

Chaque année au 1er octobre, les pensions de retraites du régime général sont revalorisées en fonction de l'inflation. Les retraités aurait alors dû profiter d'un petit coup de pouce cette année, sauf que le gouvernement a décalé au 1er janvier toute nouvelle revalorisation. Ils devront attendre trois mois avant de voir quelques euros supplémentaires sur leur bulletin de pension. Pour mémoire, la revalorisation en 2017 était de 0,8%, pas de quoi rattraper le niveau d'inflation.

Par ailleurs, pour les retraités qui perçoivent une complémentaire de l'Agir-Arrco, leur pension est revalorisée chaque année au 1er novembre. Depuis 2015, cette augmentation est calculée en prenant le montant de l'inflation et en retirant un point. Avec une hausse des prix de 1%, la revalorisation avait été de... 0% en 2017. Cette année, les retraités devraient enfin avoir droit à un hausse de 0,8%, mais elle ne permet toujours pas de rattraper l'inflation.

Les épargnants et les fonctionnaires vont en pâtir

Les épargnants vont faire grise mine en fin d'année. Alors que l'inflation progresse, le taux d'intérêt des livrets d'épargne réglementée est bloqué depuis février et jusqu'au 31 janvier 2020. Le taux du livret A et le livret de développement durable (LDD) est figé à 0,75%, celui du livret d'épargne populaire (LEP) à 1,25% et les plans épargne logement (PEL) ouverts après le 1er février 2016 à 1,50% ou 1% selon la date.

Enfin, la situation sera clairement difficile pour les fonctionnaires. Après avoir été gelé entre 2010 et 2016, le point d'indice sur lequel est basé l'évolution de leur rémunération, l'est à nouveau pour deux années. Ils ne peuvent compter que sur une évolution de carrière ou leur ancienneté pour espérer ne pas voir leur pouvoir d'achat grignoté. Certains pourront aussi bénéficier de "la garantie individuelle de pouvoir d'achat", une indemnité que perçoivent les agents dont l'augmentation du traitement est inférieure sur quatre ans à celle de l'inflation.

J.-C.C.