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Le commandement de la  cyberdéfense s'installe à Rennes

la Loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025 prévoit le recrutement par les armées de 1.000 cybercombattants supplémentaires pour atteindre un effectif de 4.000 personnes d'ici sept ans

la Loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025 prévoit le recrutement par les armées de 1.000 cybercombattants supplémentaires pour atteindre un effectif de 4.000 personnes d'ici sept ans - Dicod

Le commandement militaire de la cyberdéfense (Comcyber) a inauguré jeudi à Rennes le premier bâtiment entièrement dédié à la conduite de ses opérations dans le cyberespace.

"La cyberdéfense est une priorité absolue du ministère des Armées", a rappelé cyberguerre lors de l'inauguraiton ce jeudi à Rennes du commandement de la cyberdéfense (Comcyber). Ce bâtiment de 11.000 m2 va accueillir jusqu'à 400 cybercombattants. Ce bâtiment a été baptisé en hommage au commandant Roger Baudouin, "l’un des premiers et des meilleurs cryptographes de l’armée française, celui qui a formé Alan Turing à la cryptologie", a expliqué la ministre des Armées.

Le choix de la ville bretonne s'explique par le pole d’excellence cyber créé en partenariat avec la région en 2014. Près de 70 entreprises du secteur de la cybersécurité y sont installées.

C'est à Rennes qu'est "ancré le centre d’expertise de maîtrise de l’information de la DGA, référent en matière de cyber depuis plusieurs décennies", a précisé Florence Parly en ajoutant que la Bretagne a vocation à devenir une "cyber-vallée européenne".

Face à la multiplication des menaces dans le cyberespace, devenu un lieu de confrontation à part entière, la Loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025 prévoit le recrutement par les armées de 1000 cybercombattants supplémentaires pour atteindre un effectif de 4000 personnes d'ici sept ans. Quelque 1,6 milliard d'euros seront consacrés sur la période dans le cyber.

La mission de ces soldats est stratégique comme l'a rappelé Florence Parly. "Un centre de commandement des opérations privé de moyens de communication. Notre industrie de défense à l’arrêt. Des sites gouvernementaux affichant des messages haineux en guise de page d’accueil. Des drones à la trajectoire manipulée et détournée. Tels pourraient être les méfaits de cyberattaques massives", a indiqué la ministre en précisant qu'il est impératifs d'imaginer tous les scénarios possibles.

"Je n’ai pas l’intention de donner des idées aux scénaristes de Black Mirror, pas plus que je n’ai l’intention d’avoir un discours anxiogène [...]. Au contraire, [...] anticiper les effets que pourraient avoir ce que les spécialistes appellent depuis quelques années un "Cyber Pearl-Harbor", c’est justement se mettre en ordre de bataille pour l’empêcher".

"Une fabrique de champions cyber"

"Un centre de commandement des opérations privé de moyens de communication, notre industrie de défense à l'arrêt, des sites gouvernementaux affichant des messages haineux en guise de page d'accueil, des drones à la trajectoire manipulée et détournée: tels pourraient être les méfaits de cyberattaques massives", a mis en garde Florence Parly, tout en assurant que "le ministère des Armées est prêt".

La ministre a dans la foulée inauguré à Rennes la Cyberdéfense Factory, une antenne bretonne de l'Innovation Défense Lab, qui "accueillera des startups, des PME et des chercheurs pour travailler en étroite relation avec des experts de la Direction générale de l'armement sur des sujets de cybersécurité". Florence Parly a par ailleurs signé une convention de partenariat entre les Armées et la société d'investissement ACE Management, qui va accompagner les entreprises qui travaillent dans la sécurité numérique et qui pourraient bénéficier de financements via un fonds de 80 millions d'euros entièrement dédié à la cybersécurité.

La Cyberdéfense Factory n’a pas seulement vocation à capter les innovations du secteur civil. "Nous nous inscrivons dans cette démarche à double sens, un échange de bon procédés : car notre objectif est aussi que les entreprises bénéficient de l’expertise dont nous disposons en interne". Une méthode est appliquée dans plusieurs pays, comme les Etats-Unis, la Chine ou Israël.

Pascal Samama avec AFP