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La résistance de l'économie française se confirme pour le premier semestre 2023

Le PIB tricolore devrait croître de 0,2% au premier semestre 2023 malgré une inflation toujours élevée, selon la dernière note de conjoncture de l'Insee.

L'économie française plie mais ne rompt pas. Dans un contexte international incertain et face à une inflation persistante, l'activité tricolore a ralenti fin 2022, sans pour autant reculer, la croissance du PIB ayant atteint 0,1% au dernier trimestre, contre 0,2% au troisième.

D'après la dernière note de conjoncture de l'Insee publiée ce mardi, la France devrait encore échapper à la récession en ce début d'année avec une croissance modeste de 0,2% aux premier et deuxième trimestres. L'acquis de croissance pour 2023 à l'issue du premier semestre -c'est-à-dire l'évolution du PIB si la croissance était nulle lors de la deuxième moitié de l'année- est quant à lui de 0,6%.

Compte tenu des nombreuses incertitudes, cette prévision pourrait être remise en cause, notamment si les grèves contre la réforme des retraites venaient perturber durablement certains services et en particulier les transports. "Cet impact dépendrait notamment de la durée et de l'étendue du mouvement social", relève l'institut de la statistique, rappelant cependant que "les épisodes passés montrent que si cet impact peut être important au niveau sectoriel, il est en général limité au niveau macroéconomique (...)".

L'évolution des coûts des entreprises ainsi que le resserrement monétaire des banques centrales sont d'autres facteurs susceptibles de contrarier la prévision de l'Insee. A l'inverse, "si les facteurs d'optimisme récents se confirment" (bonne tenue de l'économie américaine, reprise de l'activité en Chine après la levée des restrictions Covid...), l'économie française pourrait faire mieux que prévu début 2023, affirme l'institut.

La production industrielle résiste malgré la crise énergétique

Parmi les autres éléments qui incitent à l'optimisme: les conséquences moins lourdes qu'anticipé de la crise énergétique. Ce qui explique en grande partie la capacité de résistance de l'économie française observée jusqu'à présent. Par exemple, si la production industrielle a baissé dans les branches les plus énergivores comme la chimie fin 2022 (-8% au 4e trimestre), le recul a été "relativement contenu", note l'institut de la statistique.

Dans le même temps, certaines branches de l'industrie ont vu leur activité progresser grâce à des effets de rattrapage. C'est le cas de la fabrication de matériel de transport (+10% sur un an) dont les difficultés d'approvisionnement s'atténuent, de la cokéfaction-raffinage dont la production a rebondi en novembre après les grèves d'octobre, ou encore de la production d'électricité qui s'est redressée grâce à la remise en service de réacteurs nucléaires. Autant d'éléments qui devraient permettre à la production industrielle de progresser légèrement début 2023.

Après avoir décroché fin 2022, la consommation des ménages devrait aussi se reprendre au premier trimestre sous l'effet de la hausse de la consommation d'énergie et de la reprise des achats de véhicules dont la production est de moins en moins pénalisée par les difficultés d'approvisionnement. Le rebond pourrait toutefois être limité si les ménages continuent de se restreindre sur les biens alimentaires particulièrement touchés par l'inflation.

Les entreprises plus optimistes que les ménages

En comparant les résultats des différentes enquêtes de conjoncture, l'Insee observe une "forte dichotomie" entre les ménages et les entreprises. Alors que le moral des ménages a continué de se dégrader pour s'établir en janvier 20 points en-dessous de sa moyenne de long terme, le climat des affaires demeure relativement stable et même légèrement au-dessus de sa moyenne de longue période.

Du côté des entreprises, cette relative résilience s'explique sans doute par le reflux progressif des contraintes pesant sur l'offre. Dans l'industrie manufacturière, si la part des entreprises qui disaient rencontrer des difficultés d'approvisionnement restait élevée en janvier (30%, contre 10% sur longue période), elle était en nette baisse par rapport au niveau de juillet 2022 (45%).

Les entreprises constatent en revanche une recrudescence des difficultés liées à la demande alors que 29% des entreprises industrielles ont dit y être confrontées en janvier 2023, contre 22% en juillet.

Lent recul de l'inflation

A 6% en janvier sur un an, l'inflation devrait ralentir très progressivement dans les prochains mois. Dans un premier temps, elle resterait stable en février en raison d'une hausse des prix de l'énergie de 17,9% (contre 16,3% en janvier) liée à la hausse du tarif réglementé de vente (d'EDF) à hauteur de 15%. La hausse des prix alimentaires s'établirait quant à elle à 13,7%, contre 13,2% en janvier.

Le ralentissement de la hausse des prix à la consommation interviendrait à partir du mois de mars (5,2%) par "effet de base". Mi-2023, l'inflation s'établirait autour de 5% sur un an mais l'inflation sous-jacente qui ne tient pas compte des prix les plus volatils resterait supérieure à 5,5%.

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco