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La ministre des Transports évite un conflit d'intérêt mais en conteste un autre

Elisabeth Borne a été dirigeante chez Eiffage de 2007 à 2008 et patronne de la RATP de 2015 à 2017.

Elisabeth Borne a été dirigeante chez Eiffage de 2007 à 2008 et patronne de la RATP de 2015 à 2017. - Eric Piermont-AFP

Ex-patronne de la RATP, candidate au marché de la future ligne CDG Express, Elisabeth Borne a préféré confier le dossier à François de Rugy. Elle réfute un autre possible conflit d'intérêt pour le marché de l'autoroute A79, où Eiffage, dont elle fut l'une des dirigeantes en 2007, est candidat.

La ministre des Transports, diplômée de l'École polytechnique, a occupé divers postes de cadre dirigeante dans le secteur, fonctions qui la rattrapent aujourd'hui. En tant qu'ex patronne de la RATP, qu'elle a dirigé de 2015 à 2017, Élisabeth Borne a préféré éviter tout risque de conflit d'intérêt dans le dossier lié à l'attribution du marché de l'exploitation de la ligne ferroviaire CDG Express, auquel l'entreprise francilienne est candidate.

Un décret paru le samedi 13 octobre 2018 au Journal Officiel précise que l'attribution de ce contrat sera désormais confiée au ministre de la Transition écologique, François de Rugy, qui assure la tutelle sur les transports.

"Cette décision a été prise afin de prévenir toute suspicion possible de conflit d'intérêts, compte tenu des responsabilités précédemment exercées par Elisabeth Borne à la tête de la RATP, qui est membre d'un groupement candidat à l'attribution de ce contrat", a-t-on expliqué dans l'entourage de la ministre. Le Charles-de-Gaulle Express, ou CDG Express, doit relier à l'horizon 2023 la Gare de l'Est, dans le centre de Paris, à l'aéroport de Roissy.

Dans un autre dossier, celui au tronçon de la future autoroute A79 dans l'Allier, un concurrent en lice a demandé si des dispositions avaient été prises pour éviter un éventuel conflit d'intérêts, a rapporté Le Monde récemment. La ministre a travaillé moins d'un an chez Eiffage, de juillet 2007 à mars 2008 en tant que responsable des concessions autoroutières dans cette grande entreprises de BTP, candidate à l'exploitation de ce futur tronçon de 92 km.

"Dans le petit milieu des travaux publics, chacun sait que cette partie de la France est déjà un peu la chasse gardée d’APRR, la filiale autoroutière d’Eiffage", explique l’expert du secteur cité par Le Monde. "Mais si, en plus, la ministre décisionnaire est une ancienne de la maison, il va être compliqué de faire croire à une situation normale de concurrence" ajoute-t-il.

Les accusations relayées dans Le Monde sont "absurdes", a dit l'entourage d'Élisabeth Borne à l'AFP. "Lorsqu'elle était en poste chez Eiffage Mme Borne n'a jamais travaillé sur ce projet dont l'éventualité d'une mise en concession n'avait à l'époque même pas encore été annoncée par l'État", a-t-on ajouté. L'attribution de ce marché doit intervenir avant la fin de 2018 et met en concurrence les grands groupes du BTP: Bouygues, Eiffage, NGE, SPIE et Vinci.

F.Bergé avec AFP