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La Banque de France prévoit un net ralentissement de la croissance en 2023

L'institution monétaire table sur une croissance du PIB 2,6% en 2022 avant un net ralentissement en 2023. Le rebond devrait toutefois intervenir dès 2024, à la faveur d'une accalmie sur les prix.

Malgré un contexte international tendu, l’économie française tient bon. Mais pour combien de temps encore? Selon les dernières projections de la Banque de France publiées ce jeudi, la croissance tricolore devrait s’élever à 2,6% en 2022. Une prévision revue à la hausse par rapport aux estimations de juin (2,3%) et désormais en phase avec celles de l’Insee (2,6%) et de Bercy (2,7%).

Si l’institution salue une "résilience meilleure que prévu" en 2022 grâce à la bonne tenue de la demande et au "rebond du secteur des services", l’activité française devrait nettement ralentir dès l’hiver prochain.

Après une augmentation du PIB de 0,3% au troisième trimestre, la croissance est attendue "proche de zéro au dernier trimestre", soit "au moment où la situation sur le marché du gaz pourrait être la plus critique", souligne la Banque de France.

Net ralentissement en 2023

Les turbulences persisteraient en 2023, année au cours de laquelle la croissance resterait morne: de l’ordre de 0,5%, contre 1% selon le gouvernement. Mais "cette projection est entourée d’incertitudes très larges liées à l’évolution de la guerre en Ukraine" ainsi qu’aux "quantités et prix d’approvisionnement en gaz" et à "l’ampleur de la durée des mesures gouvernementales de protection des ménages et des entreprises", note la Banque de France.

Pour toutes ces raisons, ses économistes préfèrent retenir une fourchette de variation du PIB entre 0,8% et -0,5% l’an prochain. Dit autrement: une récession n’est pas totalement exclue, notamment si "l’arrêt des livraisons de gaz" russe s’accompagne "d’une hausse supplémentaire des cours du gaz naturel et d’une limitation de la fourniture de gaz et d’électricité".

Il faudra attendre 2024 pour espérer un rebond. Cette année-là, les tensions sur les marchés de l’énergie devraient se résorber, permettant à l’économie tricolore de renouer avec une croissance plus soutenue: +1,8%, toujours selon ces nouvelles prévisions.

"Sur la période de nos projections, l’économie française traverserait trois phases bien distinctes: une résilience meilleure que prévu au cours de la plus grande partie de 2022 ; un net ralentissement à partir de l’hiver prochain, dont l’ampleur serait entourée d’incertitudes très larges ; une reprise de l’expansion économique en 2024", résume l’institution monétaire.

Pic d'inflation début 2023

D'ici à 2024, l’inflation resterait à un niveau élevé mais ralentirait progressivement. Pour 2022, la Banque de France a relevé ses prévisions en tablant sur un IPCH (indice des prix harmonisé) de 5,8%, contre 5,3% estimés auparavant.

2023 serait toujours marquée par des prix tirés à la hausse avec un pic d’inflation prévu pour le début d'année et une hausse moyenne des prix à la consommation sur l’ensemble de l’année de 4,7% (fourchette entre 4,2 et 6,9%). Le ralentissement tant attendu surviendrait enfin en 2024 (2,7%) à la faveur d’une accalmie sur les prix des matières premières énergétiques et alimentaires.

Résilience de l'emploi et du pouvoir d'achat

Sur le front de l’emploi, la Banque de France table sur un fléchissement de l’emploi salarié marchand à partir de début 2023 en raison du ralentissement de l’activité, rompant avec la tendance des derniers mois. Résultat, le chômage remonterait "pour se stabiliser au voisinage de 8% en 2024".

Reste qu’à travers ces trois années, "l’économie française montrerait une résilience de l’emploi, du pouvoir d’achat des ménages et du taux de marge des entreprises: au-delà des variations de court terme, chacune de ces trois variables serait en 2024 meilleure que dans la situation pré-Covid", poursuit la Banque de France.

En revanche, "le ratio d’endettement public, déjà fortement dégradé à la suite du choc Covid, serait au mieux stabilisé à l’horizon 2024, du fait notamment du coût des mesures de soutien de type bouclier tarifaire".

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco